Livourne, bataille de | Calafat, Guillaume

Livourne, bataille de 805 puis les traités de Westphalie (1648), qui mettent fin à la guerre avec l’Espagne, ouvrent de nouveaux débouchés commerciaux pour les vaisseaux hollandais. Au milieu du xvii e siècle, une douzaine de maisons de commerce hollandaises indé- pendantes, à la différence de l’organisation corporative de la Levant Company , opèrent alors à Livourne. Comme pour les Anglais, les privilèges fiscaux et la politique de tolérance religieuse des Médicis font de Livourne non seulement le principal entrepôt, mais aussi la principale colonie marchande des Hollandais dans la péninsule Italienne. Point nodal de la présence des « Nordiques » en Méditerranée, Livourne l’est également d’un point de vue social, culturel et reli- gieux : les protestants, anglais comme hollandais, peuvent – fait rarissime dans l’Italie de la Contre-Réforme – y négocier progressivement des sépultures, des cimetières, des ministres et des lieux de culte, qu’ils obtiennent officiellement au carrefour des xvii e et xviii e siècles. Le retour fulgurant des Hollandais en Méditerranée au milieu du xvii e siècle donne inévitablement lieu à une recrudescence des rivalités pour la mainmise sur certains marchés, en particulier le contrôle des soies, des laines, du coton, de l’alun, de l’huile d’olive et du vin méditerranéens, en échange d’épices, d’étoffes bon marché, de poisson, de fer, d’étain et d’argent importés par les « Nordiques » ; ces rivalités n’ont jamais véritablement cessé, mais elles culminent au début des années 1650, les marchands et les armateurs anglais voyant d’un très mauvais œil la féroce concurrence des compagnies néerlandaises sur les places levantines et italiennes. Les tensions entre les deux nations s’exacerbent plus généralement lorsque le Commonwealth de Cromwell décide de promulguer l’acte de Navigation de 1651, qui interdit l’affrètement de navires étrangers pour toute importation vers l’Angleterre et ses colonies. Cette mesure protectionniste et la forte concurrence commerciale ne sont pas, certes, l’unique cause du premier conflit anglo-néerlandais, qui s’explique par un faisceau plus large de motifs, stratégiques, politiques, juridiques, religieux et symboliques, les deux puissances s’affrontant à nouveau ouvertement au xvii e siècle lors des guerres de 1665‑1667 et de 1672‑1674. Cependant, la domination de certains débouchés commer- ciaux méditerranéens demeure un facteur non négligeable de l’antagonisme qui caractérise les relations entre les Provinces-Unies et l’Angleterre jusqu’à la désin- tégration progressive du commerce hollandais au Levant à partir des années 1680, concurrencé en particulier par les Français (les Marseillais en l’occurrence) et les juifs séfarades. L’issue du conflit de 1652‑1654 est partagée : si la flotte anglaise a dominé en mer du Nord, la bataille de Livourne explique pour beaucoup la prépondérance des navires hollandais en Méditerranée au cours des années 1650, renforcée de surcroît par la guerre anglo-espagnole (1654‑1660) qui donne aux marchands des Provinces-Unies un accès privilégié aux marchés sicilien et napolitain. Cette

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