Lépante, bataille de | Le Thiec, Guy

Lépante, bataille de 784 le golfe de Lépante à compter du 20 septembre. Quelques jours plus tard, le 25, la flotte chrétienne, grossie d’un second contingent vénitien arrivant de Candie (60 galères), passait le golfe de Tarente et croisait, du 4 au 6 octobre, dans le détroit de Corfou en direction de Céphalonie et de Lépante. Le 6, à midi, elle passait au large de la Prévéza et arrivait, le 7, à l’entrée du golfe. Si l’on en croit les derniers décomptes, la flotte ottomane comptait finale- ment entre 210 et 230 galères, et 63 ou 70 galiotes (Guilmartin), avec près de 45 000 hommes ; la chrétienne, 202 galères et 6 galéasses, sur lesquelles se trou- vaient quelque 28 000 soldats. L’affrontement dura toute la journée du 7 octobre. On a voulu faire de cette bataille le point tournant de la stratégie navale tradition- nelle : Lépante aurait ainsi vu une flotte, chrétienne, triompher grâce à sa puis- sance de feu de la flotte adverse, ottomane, qui aurait trop misé sur une tactique caduque, parce que reposant sur la seule force des galères. Pareille interprétation ne tient pas compte non seulement de la puissance de feu ottomane, dont le butin chrétien atteste (voir infra ), mais aussi de l’erreur lourde de conséquences du commandement ottoman, celle d’enfermer la flotte dans un golfe trop étroit : le site même de Lépante, grâce auquel la flotte de la Sainte-Ligue parvint à circonscrire l’adversaire, l’empêchant de manœuvrer à son aise. De cet affrontement naval, on connaît en détail la disposition comme le déroulement : le navire amiral de don Juan, flanqué de ceux de Venier et de Marcantonio Colonna (qui dirigeait le contingent papal), entourés d’une soixantaine de navires, à l’aile gauche une cin- quantaine de galères sous le commandement d’Agostino Barbarigo et à l’aile droite celles commandées par le Génois Gianandrea Doria, tous précédés d’une avant-­ garde de sept galères. La flotte ottomane était semblablement en ordre autour du navire-amiral de Müezzinzade Ali Pacha, La Sultane . Mais la ligne turque céda sans doute assez vite face à la manœuvre de déploiement des navires chrétiens : plus d’un bateau turc rompit l’alignement et permit ainsi aux navires adverses d’accroître le démembrement d’une ligne d’attaque. La tactique de l’abordage et du débarquement des troupes à bord sur les galères ennemies accrut la mêlée. L’amiral ottoman voulut rapidement défier son homologue chrétien, don Juan sur sa Real , et y laissa la vie et l’un des plus précieux étendards ottomans. Seul Uludj Ali, prenant le parti de la fuite, sauva les navires qu’il commandait. Ce fut, et c’est encore, le bilan de la bataille qui divise, à commencer par les pertes. Les rangs chrétiens auraient compté 7 650 morts et 20 000 blessés, dont 2 300 rameurs vénitiens (mais au sein de ces derniers figuraient Grecs, Ottomans ou Barbaresques captifs). Seules 17 galères furent coulées. Le désaccord est bien plus grand pour les pertes ottomanes : les sources occidentales les chiffrent à 30 000 hommes, les turques à 20 000 ; 12 000 esclaves grecs furent libérés et 3 486 captifs constituèrent le butin à partager entre vainqueurs. Les pertes navales ottomanes furent considérables, au cours de la bataille comme dans les

RkJQdWJsaXNoZXIy NDM3MTc=