Lépante, bataille de | Le Thiec, Guy

Lépante, bataille de 781 Lépante, bataille de Étonnamment, les désaccords ne manquent pas au sujet de Lépante, cet affron- tement naval qui, pourtant, date du xvi e siècle ; celui-ci en outre continue, certes à la marge, à faire polémique. Et si, au lendemain de l’affrontement naval, on avait tenté de concilier les points de vue quant à l’importance de l’événement, le désaccord eût déjà été assurément profond, non seulement entre camps belligérants, mais aussi en leur sein, tant l’envergure initiale de la victoire, et donc de la défaite, semblait balancée par l’absence de toute suite, à l’exception notable de la reconstruction de la flotte ottomane dès 1572. « Depuis la nou- velle de cette victoire, chacun a toujours été attendant quel fruit on en pourrait tirer pour cette année… », constatait déjà le cardinal de Rambouillet dans une lettre du 7 novembre 1571 écrite depuis Rome au roi de France Charles IX. Un événement dont l’enjeu paraît être d’abord d’ordre imaginaire, telle semble être la destinée de Lépante, loin de la réalité première. Le fait, la victoire d’une coalition chrétienne sur la flotte ottomane le 7 octobre 1571, gagna en effet d’emblée, du moins pour la plupart des puissances catholiques, une dimension proprement mythique, dont l’historiographie n’est parvenue à s’extraire que récemment. Ainsi, à considérer tout d’abord faits et enjeux, quelques réalités semblent heureusement bien établies, du moins quant au contexte et au dérou- lement du combat naval, dont l’histoire ne peut plus être cantonnée à une tra- ditionnelle « histoire bataille ». Sans invoquer la défaite navale ottomane à Gallipoli face aux Vénitiens en 1416, il faut pour comprendre Lépante remonter au moins jusqu’au règne du sultan Bayezîd II (1480‑1512), qui le premier eut une véritable politique navale, voulant doter son empire grandissant de « navires aussi agiles que des serpents de mer » à l’occasion de la seconde guerre vénéto-turque (1499‑1503). Cette politique, reprise par son successeur Selîm I er (1512‑1520), avait conduit à l’offre de service faite au sultan par les frères Barberousse lors de la conquête de l’Égypte (1517). Ils proposèrent leur concours et les fortins maghrébins récem- ment conquis (Alger, Bougie) : le Maghreb (à l’exception du Maroc) était ainsi

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