Juifs | Trevisan Semi, Emanuela

Juifs 764 On sait que le bassin méditerranéen fut au centre de nombreux déplacements, permettant ainsi à la diaspora juive de créer des relations, de lancer des initia- tives, d’ouvrir de nouvelles prospectives. Pendant la longue période de l’Empire byzantin (527‑1453), les juifs étaient considérés comme des citoyens de l’Empire même si de seconde classe. Différentes sont les phases qui ont caractérisé les rapports entretenus par l’empire avec les juifs durant des siècles, mais les changements les plus importants eurent lieu surtout durant le vii e siècle, à l’époque de la grande offensive des Perses et des invasions arabes. Les lois hellénistiques et romaines, qui avaient donné aux juifs une auto- nomie, reconnaissant leur « religion légale », furent en effet maintenues pen- dant l’Empire ; par conséquent leur culte religieux et leurs pratiques culturelles furent protégées. Toutefois à partir du vii e siècle, même si leur statut juridique n’avait pas changé, il fut souvent ignoré. Les juifs commencèrent en fait à être considérés comme une menace pour l’Empire et accusés de déloyauté, sur- tout à cause de l’assistance apportée aux Perses dans les zones frontalières de l’Empire. Plusieurs décrets pour la conversion des juifs furent établis, le plus fameux étant celui de 1032, dans lequel Heraklios ordonne la conversion de tous les juifs de Byzance. Ils étaient soupçonnés de judaïser et de vouloir conver- tir les chrétiens. Mais, une fois les moments difficiles passés, les juifs en géné- ral revenaient à leur foi. Qui restait chrétien était nommé « nouveau citoyen ». Quoi qu’il en soit, au cours des 150 ans qui ont précédé les croisades, les juifs ont continué à construire des synagogues ou à les restaurer, et étaient libres de posséder des terres. Un quartier juif, séparé, fut construit à Constantinople hors de la ville à par- tir du xv e siècle. Les juifs de l’Empire byzantin restèrent plutôt concentrés dans les centres urbains (Constantinople, Thessalonique, Rhodes, Chypre, Sud de l’Italie). On pense qu’à l’époque des invasions arabes ils étaient cent mille. Il faut noter que le prêt à intérêt était autorisé et réglementé sans que cela soit stigmatisant pour les juifs ; du reste l’Église était la première à prêter à inté- rêt. Les juifs étaient engagés dans l’artisanat et dans le commerce et étaient actifs aussi bien dans le tannage, considéré comme un travail désagréable que dans des travaux prestigieux comme l’artisanat de la soie. L’hébreu resta la langue la plus parlée par les juifs, même si le grec était aussi utilisé. L’usage de la langue hébraïque leur permit de maintenir un vaste réseau de contacts au sein du grand Empire byzantin et même au-delà. À partir de la fin du x e siècle, Byzance était devenue un centre d’attraction également pour les Caraïtes – courant juif dont les origines remontent au viii e siècle (Bagdad), qui affirmaient l’interprétation littérale de la Bible et rejetaient la loi orale –, à cause du bon niveau culturel et économique de l’Empire.

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