Juifs | Trevisan Semi, Emanuela

Juifs 769 C’est à partir des dernières décades du xix e siècle que commencèrent à voir le jour les premières installations de juifs en Palestine, voulues par les mouve- ments présionistes. Les pogroms de 1881 marquèrent le début d’un antisémitisme croissant en Russie. Le premier congrès sioniste de 1897 et l’œuvre de Théodore Herzl contribuèrent à donner forme au projet politique de la création d’un État juif. La déclaration de Lord Balfour en 1917 promettait la création d’un foyer national juif dans une Palestine qui serait détachée de l’Empire ottoman. Les flux migra- toires furent nombreux, appelés aliyyah (pluriel : aliyyot ), surtout au départ de l’Europe orientale et puis, avec l’arrivée du nazisme d’Allemagne et d’Europe centrale, vers la Palestine où, surtout à partir des années 1920, on s’était attaché à construire les bases du futur État d’Israël. Parmi les multiples conséquences de la Première Guerre mondiale, il faut rap- peler la fin de l’Empire ottoman et avec lui le démembrement des territoires, la dispersion des peuples et la création de nouveaux États-nations. Pour les juifs des pays de la rive sud de la Méditerranée, cette période fut relativement tranquille, par rapport à ce qui se passait pour leurs coreligionnaires d’Europe ; ils continuèrent à assurer le rôle d’intermédiation qu’ils avaient joué jusqu’ici et à jouir des avan- tages que leur procurait leur position de cultural broker . Le taux d’alphabétisation, de scolarisation et de vaccination des juifs des pays arabes était, par exemple, nette- ment supérieur à celui des populations locales avec lesquelles ils vivaient. Les écoles de l’Alliance et les envoyés du mouvement sioniste, qui avaient une action à large spectre, finirent par modifier des appartenances séculaires qui se transformèrent peu à peu en de nouvelles configurations identitaires aux multiples caractéristiques. La Seconde Guerre mondiale, la Shoah et la naissance de l’État d’Israël en 1948 ont aussi profondément modifié les conditions d’existence des juifs du bassin méditerranéen. Dans les toutes premières années qui suivirent la naissance de l’État hébreu, la plus grande partie des juifs des pays de la rive sud de la Méditerranée quittèrent les pays où ils avaient vécu durant des siècles. Ce n’est qu’en Turquie, au Liban, en Tunisie et au Maroc que demeurèrent des communautés juives numérique- ment importantes qui toutefois commencèrent à se réduire au cours des der- nières décennies du xx e siècle, avec des départs ponctués par les dates des guerres combattues par Israël. Quand ils n’étaient pas causés par des attaques directes contre les personnes et les biens, comme il advint par exemple en Syrie, en Irak, en Égypte, en Libye, en Algérie et dans une moindre mesure en Tunisie et au Maroc, les départs étaient engendrés par des sentiments d’insécurité, de peur, d’incertitude par rapport à l’avenir et à la place que les juifs pourraient occuper dans un contexte qui voyait augmenter le nationalisme arabe, l’islamisation de la société, l’élimination de toute expression de différence politique, culturelle et

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