Jésus | Dorival, Gilles

Jésus 742 du Coran sur Jésus est éloigné de l’orthodoxie chrétienne, mais il rappelle cer- tains courants chrétiens minoritaires, comme les ébionites. Les recherches modernes sur Jésus ont été marquées par ce que l’on appelle la quête du Jésus historique. On distingue trois quêtes. La première va de l’époque des Lumières au début du xx e siècle : elle veut dégager Jésus des dogmes chré- tiens et rejette le surnaturel, les miracles sont vus comme des phénomènes de la nature ; un bon exemple est Ernest Renan qui parle de « Jésus, cet homme admirable ». Une tendance extrême de la première quête consiste dans les cou- rants qui nient l’existence de Jésus ou qui en font une création littéraire. La pre- mière moitié du xx e siècle est caractérisée comme une période de non-quête : le grand nom est Rudolf Bultmann, qui estime que les sources anciennes ne per- mettent pas d’atteindre Jésus lui-même, mais seulement les croyances des pre- mières générations chrétiennes. Apparue dans les années 1950, la deuxième quête insiste sur la rupture de Jésus avec le judaïsme ; Jésus ne s’est pas pensé comme messie ; il a annoncé l’imminence du royaume de Dieu. La troisième quête, toujours d’actualité, insiste au contraire sur l’enracinement de Jésus dans le judaïsme très diversifié du i er siècle et combine à la méthode historique des analyses littéraires et sociologiques. Elle a été marquée par le Jesus Seminar qui réunit aux États-Unis environ 200 spécialistes, lesquels, à la suite d’un examen philologique et historique, votent sur l’historicité des paroles, paraboles et gestes de Jésus. En fait, la science moderne propage des images très diverses de Jésus tour à tour vu comme un messie, un guérisseur populaire, un rabbin galiléen, un juif marginal, un révolutionnaire social ou politique, un prédicateur itiné- rant, un spirituel, un maître de sagesse, un prophète eschatologique. Une bonne partie des pays du pourtour méditerranéen ont adopté l’ère vul- gaire, dans laquelle l’an 1 correspond à la naissance de Jésus. Quand nous disons que l’homme a marché sur la Lune pour la première fois en 1969, nous voulons dire mille neuf cent soixante-neuf années après la naissance de Jésus. C’est le moine Denys le Petit qui a introduit cette ère, en 525. Elle a été très vite adop- tée par la Chrétienté. Mais Denys s’est trompé dans ses calculs : Jésus est en fait né sous Hérode le Grand soit probablement en – 6. Avant Jésus ? Jésus déjà. Gilles Dorival ➤➤ Bible, genre, juifs, Marie mots-clés Coran, ère vulgaire, historiographie, naissance, Nouveau Testament, théologie

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