Jardin | Consalès, Jean Noël; El Faïz, Mohammed

Jardin 736 pour dessiner ses jardins. On peut, par exemple, citer les réalisations mixtes d’Édouard-François André : les jardins Biovès (Menton), ceux des villas Colombia (Golfe-Juan), Garnier (Bordighera) et Massena (Nice), ceux du casino de Monte-­ Carlo. On peut également parler de l’œuvre d’inspiration Renaissance italienne d’Harold Peto aux villas des Cèdres et Maryland (Saint-Jean-Cap-Ferrat), ou des créations néoclassiques d’Achille Duchêne (les jardins de la villa Ephrussi-­ de-Rothschild à Saint-Jean-Cap-Ferrat) et de Jacques Gréber (jardins de la villa Altana à Antibes, ceux de la villa Espalmador, au cap Ferrat, ou du château de Malbosc à Grasse). On peut enfin mentionner le travail de Jean-Claude Nicolas Forestier à la Bastide du Roy à Antibes. Mais, en matière de jardins, le xix e siècle marque aussi l’avènement des grands parcs paysagers urbains. Durant cette période, le processus d’urbanisation sans précédent qui touche l’Europe ne manque pas de susciter de vives interrogations. Très vite, celles-ci se traduisent par des propositions d’urbanisme ou des politiques d’aménagement originales, parmi lesquelles certaines envisagent la nature comme un moteur de projet. Ces conceptions donnent lieu, partout en Europe, à de multiples applications. C’est ainsi qu’en Espagne Ildefonso Cerdà introduit, dans les plans de sa cité inté- grale, la devise « ruralisez l’urbain, urbanisez le rural », principe fondamental selon lequel est établie, en 1859, l’extension de Barcelone (Ensanche). En Angleterre, Ebenezer Howard propose de créer de véritables cités-jardins, cumu- lant à la fois les bienfaits de la ville et ceux de la campagne. En France, dans le Paris du Second Empire et d’Haussmann, Alphand et Barillet-Deschamps conçoivent des parcs publics (bois de Boulogne et de Vincennes, parc Monceau, parc des Buttes-Chaumont) fixant un archétype qui s’exporte dans toute l’Europe. Le parc Borély à Marseille porte, par exemple, la marque de ces deux grands paysagistes. Dès lors, le parc public devient un équipement incontournable de l’aménagement du territoire. Il accompagne toutes les phases d’urbanisation, répondant, au fil du temps, à des attentes renouvelées. À son rôle paysager tra- ditionnel s’ajoutent des fonctions récréatives, ludiques, sportives, économiques, touristiques, culturelles, écologiques, etc. À côté de ses parcs emblématiques, comme le parc Güell de Barcelone, la Méditerranée fournit une multitude de cas qui atteste de ces mutations. Depuis le milieu du xx e siècle, elle témoigne également de la place prépondérante que tiennent les jardins privés et privatifs dans les différentes formes d’urbanisation. Très présents dans les cités d’habitat collectif des banlieues, ils sont souvent réduits, durant les Trente Glorieuses, au rang de simple décor, comme l’indique alors le terme étriqué d’espaces verts. À partir des années 1970, ils deviennent, à l’instar de la maison individuelle, l’argument spatial de la périurbanisation. Depuis plus récemment, ils participent de la revitalisation des centres-villes anciens en intégrant les tissus urbains sous la forme de jardins, le plus souvent potagers, associatifs ou partagés (Consalès

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