Icône | Piazza, Simone

Icône 662 pensée néoplatonicienne du Pseudo-Denys l’Aréopagite (vi e siècle) : en contem- plant l’icône, le fidèle absorbait un reflet de son archétype, et en s’approchant de l’essence spirituelle du sujet figuré, il pouvait s’élever vers la transcendance. Durant les premières décennies du viii e siècle, les iconoclastes obtinrent la faveur de la cour impériale : en 726, Léon III l’Isaurien enleva l’icône du Christ au-dessus de la porte de la Chalké en la remplaçant par une croix et, en 730, il promulgua un édit à travers lequel il ordonna l’élimination des images sacrées. Ainsi débuta l’iconoclasme, mouvement qui, à travers sa domination durant deux périodes entre le viii e siècle et le ix e siècle (730‑787, 813‑843), imposa l’inter- diction de représenter les traits humains du Christ, de la Vierge et des saints, et autorisa uniquement l’usage des symboles chrétiens et des décorations ani- coniques. Par conséquent, les images sacrées anthropomorphiques disparurent, même si cela n’entraîna pas une destruction systématique : beaucoup d’œuvres picturales furent simplement badigeonnées et un certain nombre d’icônes fut caché à l’intérieur des monastères, plus particulièrement les plus éloignés, où vraisemblablement on continua à en réaliser en clandestinité. La situation chan- gea en 787, lorsque l’impératrice Irène convoqua le deuxième concile de Nicée, dans le cadre duquel furent condamnés les principes de l’iconoclasme pro- clamés par le précédent concile de Hiéria (754), et l’iconodoulie fut réhabili- tée sur la base de l’ancienne tradition du culte des images sacrées « utiles pour rendre plus croyable l’Incarnation » (Schönborn, 1976, p. 143). Selon les actes du concile nicéen, « quiconque vénère une image […] vénère en elle l’hypos- tase de celui qui y est représenté » ( ibid. , p. 144). Le nouveau statut de l’icône contribua à préciser le rôle de l’artiste : moine ou laïque, ce dernier, restant le plus souvent dans l’anonymat, guidé par l’inspiration divine, était tenu de repro- duire une image fidèle à son prototype qui servait à la mise au point des versions iconographiques par la suite répétées maintes fois à l’identique sous le contrôle des autorités religieuses. Avec le concile de Constantinople (842‑843), convo- qué par l’impératrice Théodora, l’iconoclasme fut condamné définitivement. Le 11 mars 843, pour célébrer la victoire sur les iconoclastes, l’icône constantino- politaine de l’ Hodigitria fut portée solennellement en procession du monastère des Blachernes à l’église de Sainte-Sophie, événement évoqué chaque année avec l’introduction dans le calendrier liturgique de la fête de l’Orthodoxie, qui insti- tutionnalisa le culte des images sacrées. Mis à part le groupe réduit et précieux d’icônes des vi e et vii e siècles, le monastère du Sinaï en conserve un grand nombre d’exemplaires d’époque post- iconoclaste, collection qui permet d’apprécier leur évolution sur une longue durée, du ix e au xv e siècle. Les œuvres d’époque macédonienne (ix e -xi e siècles) présentent une certaine variété de sujets. Une Crucifixion et deux icônes jumelles, figurant les saints chevaliers Georges et Théodore terrassant respectivement un

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