Harraga | Charef, Mohamed

Harraga 622 À la lecture rétrospective des différentes réunions mixtes entre les pays du Grand Maghreb et la plupart des pays européens depuis la fin des années 1980, la question des immigrés clandestins et des irréguliers, et des modalités de leur réadmission, revient avec insistance. Or l’importance accordée à ces enjeux s’est renforcée encore plus ces dernières années dans l’agenda politique européen. Ce phénomène découle de plusieurs dynamiques concomitantes : le processus d’européanisation des politiques de l’asile et de l’immigration, relancé à la fin des années 1990, permet aux institutions de l’Union européenne de trouver dans ce domaine une extension de leurs champs de compétences vis-à-vis des États membres ; d’autre part, à partir de septembre 2001, les préoccupations de la lutte contre le terrorisme ont considérablement renforcé la vigilance européenne à l’égard des mouvements migratoires en provenance du Sud et notamment des pays de religion islamique. La crise économique de 2008 exacerbe encore plus ce dossier, qui est devenu un classique des réunions des « 5 + 5 » et de toutes les rencontres bilatérales et multilatérales euro-méditerranéennes. En conséquence, les pays du Grand Maghreb se trouvent dans une situation peu enviable, ne pouvant tout à la fois retenir leurs ressortissants, accueillir toute la « misère du monde » (reprise de l’expression de Michel Rocard), ni procéder à des arrestations/expulsions massives sans porter atteinte au crédit et au capital réel existant depuis longtemps avec des pays frères et amis, comme c’est le cas notam- ment avec le Sénégal, le Mali, etc. Pourtant c’est ce qu’ils se sont trouvés devoir faire, les uns et les autres. Il est urgent de placer la question au cœur des enjeux du dialogue Nord-Sud et de la politique de coopération, mais aussi de l’envisa- ger dans sa dimension sous-régionale au niveau des pays de la rive sud, et de leurs rapports notamment avec l’Afrique de l’Ouest, l’Asie centrale et l’Europe. Car en dépit d’indices discordants – ils sont malheureusement nombreux –, nous restons persuadés de l’importance des enjeux qui semblent se dessiner et qui impliquent un changement qualitatif. « Le monde de demain sera mobile ou ne sera pas ! », pourrait-on s’aventurer à affirmer en détournant la célèbre phrase de Malraux. Mohamed Charef ➤➤ Contrebande, démographie, désert, échanges commerciaux, frontière, îles, migration, peuplement, tourisme mots-clés Aventuriers, Europe, filières et réseaux transnationaux, frontière, immigrations clandestines, migrations internationales

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