Harraga | Charef, Mohamed

Harraga 620 l’adoption d’une convention déterminant l’État responsable de l’examen d’une demande d’asile – convention de Dublin –, l’accord relatif à la réadmission des personnes en situation irrégulière du 29 mars 1991, la convention réglant le franchissement des frontières extérieures de l’Union européenne, l’obligation de visa et les sanctions imposées aux transporteurs, la mise en place de Frontex, l’Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux fron- tières extérieures des États membres de l’Union européenne, etc. Frontex, créée par le Conseil de l’Union européenne le 26 octobre 2004, opérationnelle depuis le 3 octobre 2005, est basée à Varsovie. Elle encourage la coopération frontalière, forme les gardes-frontières et centralise les données de surveillance communi- quées par les pays membres. Elle aide les États membres à mener des opérations de retour conjointes et assure des opérations de surveillance actives conjointes aux frontières extérieures de l’Union européenne. Il en résulte un recours de plus en plus grand à l’émigration clandestine. Mais ce n’est pas pour autant qu’il faut ressasser les idées reçues et préconçues, que les Africains pauvres et démunis envahissent l’Europe ! C’est connu, ce ne sont pas les plus pauvres qui quittent le continent ; ce sont généralement les plus dynamiques et les plus « débrouillards », qui partent au loin dans une forme de voyage initiatique. C’est une quête de liberté dans tous les sens du terme, mais c’est aussi un moyen de s’affranchir des contraintes socio-familiales, sans cou- per pour autant les liens familiaux. Une manière d’élargir le champ relation- nel et de prouver son courage, car il en faut beaucoup pour pouvoir partir dans une aventure qui reste somme toute hypothétique. Oser traverser le désert et la mer d’Alboran dans des conditions aventureuses, avec très peu de moyens financiers, en s’appuyant sur des réseaux bien souvent douteux, n’est pas donné à tout un chacun. Il reste l’élément essentiel, à savoir le candidat au départ. Individu dont il faut remonter le parcours en vue de comprendre la situation actuelle qui est la sienne et que l’on peut résumer en termes de détermination, d’opportunité et de projet migratoire. Certes, aujourd’hui, il est incontestable que l’émigrant emprunte de nouvelles trajectoires, suit des circuits labyrinthiques laissant perplexe quant à la longueur du chemin parcouru, à la temporalité complexe et aux risques courus. Toutefois, penser que ces femmes et ces hommes, qui risquent leur vie, soit en se perdant dans le désert, soit en dérivant sur la Méditerranée, sont des « aven- turiers » est une vue de l’esprit. En effet, si nous prenons la figure de l’aventu- rier dans son sens premier, à savoir celui qui part au hasard, sur un coup de tête, sans préparation à la recherche d’aventures, alors ces migrants sont loin d’en être. Leur action est le fruit d’une réflexion mûrie se déclenchant selon un processus plus ou moins brutal qui fait suite à une préparation à la fois matérielle, sociale et psychologique, minutieuse.

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