Goitein, Shelomo Dov | Perta, Giuseppe

Goitein, Shelomo Dov 604 Geniza Documents (2010), qui a vécu sur la côte de Malabar ; Halfon ha-Levi : Halfon, the Traveling Merchant Scholar: Cairo Geniza Documents (2013) qui, en partant de l’Égypte, a voyagé de l’Inde à l’Espagne. Même le dernier article signé par Goitein, publié, à titre posthume, dans le Bulletin of the School of Oriental and African Studies (50, 3, 1987, p. 449‑464), est un « Portrait of a Medieval India Trader: Three Letters from the Cairo Geniza ». Il comprit avant les autres la malléabilité de la région méditerranéenne, qui se dilate et se contracte selon la perspective de recherche. En 1967, une fois terminée la première organisation de l’immense documen- tation de la Genizah, Goitein fixe le plan du travail de sa vie, qui va se matéria- liser dans les six volumes de A Mediterranean Society. The Jewish Communities of Arab World as Portrayed in the Documents of Cairo Geniza (University of California Press, Los Angeles – Berkeley – Londres, 1967‑1988), I : Economic Foundations  ; II : The Community  ; III : The Family  ; IV : Daily Life  ; V : The Individual  ; VI : Cumulative Indices . Une version abrégée, A Mediterranean Society. An abridgement in one volume , éditée par Jacob Lassner, est parue en 1999 (University of California Press, Berkeley). L’histoire de la Méditerranée traite des développements communs et des influences mutuelles des peuples qui habitent autour de cette mer. Le concept historiographique au centre de la réflexion de Goitein est l’unité sous-jacente de la macro-région basée sur les valeurs fondamentales du monothéisme, de la primauté de la famille et de l’urbanisme. On retrouve tous ces éléments dans son travail ; il commence sa narration avec un aperçu historique à partir de la conquête fatimide de l’Égypte en 969 jusqu’à l’éclipse du pouvoir ayyoubide en 1250. L’ouverture de la société méditerranéenne médiévale – animée par des voyageurs, marchands, pèlerins, croisés, nomades mendiants –, contrairement à l’Europe où la confrontation entre juifs et chrétiens était plus vive, permettait que les maisons des juifs soient juxtaposées à celles des chrétiens, qu’il n’y ait pas de ghettos, que les gens de différentes confessions se sentent liés les uns aux autres en raison de l’exercice de la même profession (comme dans le cas des marchands) : « Because of the mobility of the Mediterranean people and Islamic in general, the population of a city was composite in every respect: race, creed occupation, and standard of living. » ( A Mediterranean Society , V, p. 6.) Les gens de la Genizah s’insèrent dans l’environnement urbain typique de la Méditerranée. Ils habitent dans les villes et, là, ils entrent en contact avec les marchands d’autres villes. La ville mentionnée par Goitein reflète le modèle typiquement méditerranéen, appuyé sur trois éléments caractéristiques : la maison de Dieu (église, mosquée, synagogue), le palais du gouvernement, et le marché (bazar). Dans les papiers de la Genizah il n’y a pas de noms spécifiques pour désigner la Méditerranée, car elle est « la mer » par définition, et est mentionnée ainsi.

RkJQdWJsaXNoZXIy NDM3MTc=