Galères | Zysberg, André

Galères 580 réussi, non sans peine, à éliminer sa rivale, Rome établit sa domination sur la Méditerranée, puis s’efforce d’éradiquer la piraterie qui y sévissait d’une manière endémique. L’État romain déploie un remarquable réseau de bases navales qui possèdent chacune leur flotte permanente et leurs équipages formés par des soldats et marins en garnison. Ces infrastructures déclinent puis disparaissent lorsque le centre de gravité de l’empire se déplace à Byzance. La marine byzan- tine reste mal connue. Constituée par des galères légères à 2 rangs de rames, les dromons, qui pouvaient être armés avec des catapultes lançant des projectiles enflammés (feux grégeois), elle se montre capable d’entreprendre la reconquête de l’Afrique du Nord et d’en chasser les Vandales. Ces galères byzantines ont sans doute constitué le chaînon essentiel entre les vaisseaux longs de la Méditerranée antique et les galères médiévales. La Méditerranée reste un espace d’affrontements guerriers et de relations commerciales. Les conflits opposent les marines des puissances chrétiennes aux forces navales des sultans musulmans, qui possédaient des flottes de combat de première importance. Toutes ces flottes se composaient de galères. Les guerres navales culminèrent à l’époque des croisades. Les Républiques maritimes, telles que Venise, Pise, Barcelone, Gênes ou Amalfi, se combattaient également, à cause de leur rivalité économique. Depuis la fin de l’Empire byzantin jusqu’au xvi e siècle, la Méditerranée fut rarement un espace de paix. En même temps, les relations commerciales s’intensifient entre le Levant et le Ponant. Les pro- duits les plus divers circulent en dépit des conflits : denrées alimentaires, épices, marchandises précieuses, matières premières, telles que les colorants pour tra- vailler le drap ou le cuir. Les galères médiévales se différencient des galères antiques par leur système de vogue et aussi par leur armement. Les galeotti des trirèmes vénitiennes travail- laient tous sur le même plan, à raison de 3 hommes par banc, qui actionnaient chacun une rame de longueur inégale. Il n’y avait plus de rostre ou d’éperon pour percer la coque d’un navire ennemi. On embarquait des archers et des arbalé- triers à poupe et à proue. Les combats très meurtriers se livraient bord contre bord. Ces galères portaient une voile triangulaire, dite voile latine, enverguée sur une antenne aussi longue que le mât, qui n’avait rien de latin, puisque les navires des Romains employaient des voiles carrées. Ce type de gréement dit « latin », dangereux à manœuvrer, mais très efficace par vent contraire, caracté- rise les navires et embarcations de la Méditerranée jusqu’à la fin du xvii e siècle. Le terme « galée » désignait également des navires marchands de Venise et de Gênes, avançant à la voile et à la rame, qui naviguaient en Méditerranée et fran- chissaient aussi le détroit de Gibraltar pour apporter des produits de luxe (épices, soieries) jusqu’à Southampton et Bruges. Il y avait également des galées transpor- tant des pèlerins vers les ports du Moyen-Orient les plus proches des Lieux saints.

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