Galères | Zysberg, André

Galères 579 d’étagement des 3 rangs d’hommes de rame sur 3 ponts superposés, mais un simple décalage vertical de l’ordre d’une cinquantaine de centimètres. Les postes des rameurs s’échelonnaient dans le creux du navire, les rames saillant au moyen de sabords de nage. Il y avait sans doute 2 plateformes, à poupe et à proue où se tenaient des matelots et des soldats. La galère au combat constituait une tor- pille, son éperon de bronze permettant de percer la coque d’un navire ennemi sous la ligne de flottaison. Outre cette arme redoutable, la galère fut renfor- cée au iv e siècle av. J.‑C. par 2 saillants latéraux, les épotides, qui fauchaient les rames de l’adversaire. Qui étaient les galériens de la Méditerranée hellénique ? Sauf en cas de crise, les rameurs étaient des hommes libres, recrutés parmi la classe populaire. L’on n’avait aucune confiance dans les esclaves et les métèques ou étrangers. Seuls les citoyens étaient jugés dignes de défendre la cité. Ils ne voguaient pas sous la contrainte du fouet et du bâton, mais au rythme de la flûte. S’il ne faut pas trop idéaliser l’enthousiasme et l’esprit de sacrifice des rameurs, leur patriotisme était indéniable selon le témoignage des auteurs anciens. À Athènes, disait le Pseudo-Xénophon, « c’est le peuple qui fait marcher les vaisseaux » . La trière grecque devint l’instrument de la puissance maritime. En 480 av. J.‑C., lors de la seconde guerre médique, le terrible affrontement de Salamine opposa les 350 trières des cités de la Grèce méridionale, dont Athènes était le chef de file, à la flotte de l’Empire perse, forte d’un millier de navires, comprenant surtout des contingents fournis par les ports grecs d’Asie Mineure, par les Phéniciens et par les Égyptiens. Piégée dans l’étroit bras de mer qui sépare la côte de l’Attique de l’île de Salamine, la formidable armée navale réunie par Xerxès ne parvint pas à profiter de sa supériorité numérique. Dans sa tragédie Les Perses , Eschyle, l’ancien combattant de Salamine, comparait la destruction de la flotte perse à un banc de thons pris dans une madrague, l’eau de la Méditerranée rougie par le sang des vaincus. Les flottes de navires à rames évoluent durant la période des monarchies hel- lénistiques (iii e siècle avant notre ère). À côté des unités légères se développent des galères de grand gabarit et de force supérieure, qui multiplient le nombre de bancs de rames, que les auteurs anciens appelaient tétrères ou quadrirèmes, pen- tères ou quinquérèmes, héxères (les 6) et heptères (les 7). Il aurait même existé une sorte de supergalère, selon Plutarque, qui était mue par 4 000 rameurs… C’étaient surtout des navires de prestige. La Méditerranée reste un enjeu stra- tégique. Après les rivalités entre les successeurs d’Alexandre, le grand affron- tement du ii e siècle oppose les Romains aux Carthaginois durant les guerres puniques. Héritière des Phéniciens, la marine carthaginoise a adopté des solu- tions techniques étonnantes pour construire et armer ses galères, comme l’arse- nal circulaire que l’on peut encore voir aujourd’hui sur la côte tunisienne. Ayant

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