Fête | Reysoo, Fenneke; Fournier, Laurent Sébastien

Fête 537 dans la vie quotidienne. Ces festivités sont donc également de grandes opportu- nités économiques pour les commerçants. Dans certains cas, des petits pains ou d’autres objets symboliques sont vendus aux fidèles par les membres des confré- ries qui leur prêtent des vertus prophylactiques ou apotropaïques. En plus d’une zone commerciale, il y a également la zone de divertissement où des profession- nels effectuent leurs numéros, de jour comme de nuit. Ces manifestations vont des fêtes foraines modernes à des humoristes, en passant par des rassemblements religieux (récitation du Coran [dhikr]  ; rituels de transe collective [hadra] ). Aux aspects festifs tels que la célébration de l’identité d’un groupe, l’excitation des sens, la commémoration de l’histoire d’une communauté, s’ajoute le divertisse- ment, attirant ainsi les touristes. En Afrique du Nord, une zone est toujours réservée aux célèbres spectacles équestres (fantasias). Ces concours rassemblent généralement des hommes de différentes tribus qui affirment leur courage et leur force par le biais de leurs costumes, du harnachement d’apparat de leurs montures et de leur habileté à monter à cheval et à tirer au fusil. Une fantasia est une forme de distinction esthétique et une ritualisation des conflits entre tribus. Dans les régions médi- terranéennes de l’Europe, les chevaux jouent aussi un rôle majeur dans les fêtes, en raison de l’importance économique qu’ils avaient dans le passé. La course du palio à Sienne, enToscane (Crociani-Windland, 2011), en témoigne par exemple. Les rites festifs siciliens et provençaux présentent des harnachements de parade qui ressemblent de manière troublante à ceux des fantasias d’Afrique du Nord. Interprétés par les anciens folkloristes comme les illustrations d’un symbolisme universel, ces motifs signalent plus sûrement la permanence des échanges entre les deux rives de la Méditerranée à l’époque moderne. Au cours de certaines fêtes, des décisions de justice sont rendues au sein de plusieurs groupes tribaux, lors d’un rituel collectif ( tata au Maroc). Cela dépeint bien le rôle ancestral de certains lieux sacrés qui sont comme des retraites où les gens sont protégés par l’impunité. Là aussi, le saint joue un rôle d’intermé- diaire. En Europe, le temps du carnaval est l’occasion pour la justice populaire de se manifester en tuant une effigie qui personnifie les problèmes rencontrés par la communauté pendant l’année écoulée. Les jeunes jouent le rôle de justi- ciers, revêtus de masques dont on trouve des formes différentes en Europe occi- dentale et dans les Balkans. Le fait de participer aux festivités annuelles revêt différentes significations selon les personnes. Premièrement, le renouvellement du serment d’allégeance au saint définit le groupe dans sa dimension historique et actuelle. Deuxièmement, la visite au tombeau et la demande de médiation du saint offrent aux gens, notamment aux femmes, un soutien moral face aux difficultés de la vie quoti- dienne. Partager ainsi leurs problèmes individuels lors d’un rituel collectif a un

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