Fête | Reysoo, Fenneke; Fournier, Laurent Sébastien

Fête 535 Fête Diverses festivités rassemblant des fidèles autour du tombeau d’un saint local sont célébrées annuellement dans différentes régions méditerranéennes. S’appuyant sur un calendrier agraire ou religieux, ces fêtes patronales peuvent être considérées comme un fait social total, tel que le définit Marcel Mauss, car en plus des rituels religieux, un grand nombre d’autres activités ont lieu en parallèle : des échanges commerciaux, des démonstrations sociopolitiques et des divertissements. Dans les pays musulmans, les festivités sont soit étroitement liées au calendrier agraire et se déroulent après les récoltes (septembre-octobre), soit organisées autour de la commémoration de la naissance du prophète Mahomet (mawlid) . Les périodes festives pour les régions catholiques commémorent des épisodes de la vie du Christ, de la Vierge et des saints. La période du carnaval, qui précède le carême chrétien à la sortie de l’hiver, a une signification particulière. Dans cer- tains cas, les fêtes suivent aussi une logique agraire et commerciale, en relation avec les foires qui avaient traditionnellement lieu au printemps et à l’automne. Mais sous l’influence du tourisme, de nombreuses fêtes ont été déplacées à la période estivale pour toucher un public extérieur aux communautés locales : rési- dents saisonniers, visiteurs et enfants du village revenus dans leur famille pour les vacances y participent massivement (Boissevain, 1992). Le caractère polymorphe que prennent ces fêtes, ainsi que les manifesta- tions qui les accompagnent, impliquent une organisation spatiale particulière. En Afrique du Nord, un espace clos sacré (horma) , uniquement accessible aux fidèles totalement purs (excluant les femmes en période de menstruation et les non-musulmans), est défini autour du tombeau du saint à honorer. D’autres zones sont considérées comme profanes et les différentes activités qui y sont pro- posées attirent une grande diversité de groupes sociaux en fonction de leur classe sociale, de leur affiliation tribale ou ethnique et de leur sexe. Une sorte de cam- pement provisoire, dans lequel cohabitent parfois plus de 50 000 personnes, est installé pour quelques jours ; des tentes sont montées, des puits creusés et des latrines aménagées. Les festivités imposent un mode de vie presque citadin, tout

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