Fascisme | Mourlane, Stéphane

Fascisme 533 En Italie, le fascisme est balayé par la guerre engagée par l’allié nazi. Les revers militaires, notamment en Tunisie au mois de mai 1943 ainsi que le retour de l’agitation ouvrière au cours de la même année suscitent l’inquiétude des élites conservatrices italiennes qui retirent leur soutien à Mussolini. Dans ces condi- tions, le Duce est destitué par le Grand Conseil fasciste le 25 juillet 1943 et rem- placé par le maréchal Badoglio qui ne tarde pas à conclure un armistice avec les Alliés. Arrêté, Mussolini est libéré par les Allemands qui l’installent à la tête de la République sociale italienne à Salò en septembre. En dépit du soutien de la Wehrmacht, les fascistes peinent à contrôler la partie septentrionale de la pénin- sule où ils doivent faire face à la Résistance. La guerre civile et la chute d’Hitler ont raison de cette ultime tentative d’un retour aux idéaux révolutionnaires du fascisme : en avril 1945, Mussolini est arrêté puis exécuté par des partisans. La mémoire du fascisme reste toutefois vivace par la suite. L’intégration des néo-fascistes, issus du Mouvement social italien, fondé en 1946, à l’arc politique conservateur par Silvio Berlusconi dans les années 1990 par le biais de l’Alliance nationale – parti plus modéré et plus proche de la droite libérale, fondé en 1995 – offre un contexte favorable à l’expression d’une mémoire décomplexée qui se défait de l’interdiction constitutionnelle de toute apologie du fascisme. Quelques semaines seulement après son accession à la présidence du Conseil, en 1994, Il Cavaliere déclare ainsi que Mussolini a fait « beaucoup de bonnes choses ». Des ministres, anciens néo-fascistes ou héritiers de cette tradition poli- tique, lui emboîtent le pas. Localement, la toponymie urbaine est au centre de ce mouvement de revalorisation tandis que des lieux de mémoire comme la maison natale de Mussolini à Predappio, en Émilie-Romagne, connaissent une affluence accrue. Une nostalgie diffuse s’exprime également à la télévision, au travers de téléfilms ou de documentaires, mais aussi par la réhabilitation de l’architecture mussolinienne. L’Italie n’est assurément plus fasciste, mais les interrogations identitaires, qui n’ont de cesse de la traverser, rendent difficile l’objectivation de cette période de son histoire contemporaine. Stéphane Mourlane ➤➤ Architecture, empire, îles, virilité mots-clés Dictature, fascisme, guerre, idéologie, impérialisme, Italie

RkJQdWJsaXNoZXIy NDM3MTc=