Fascisme | Mourlane, Stéphane

Fascisme 527 Fascisme Le fascisme a suscité un foisonnement d’analyses théoriques et de recherches historiques qui ont abouti à de nombreuses interprétations contradictoires. Les divergences sont d’abord idéologiques. Les libéraux, autour de Benedetto Croce, voient principalement dans le fascisme une tentative de contrecarrer la mise en œuvre des idéaux des Lumières. D’autres, au sein de la gauche non communiste, mettent en avant les déterminismes historiques qui auraient conduit certains pays à adopter des régimes fascistes. Les thèses marxistes, avec un certain nombre de nuances, considèrent que le fascisme est l’une des formes prises par la domi- nation bourgeoise dans la phase capitaliste de l’histoire. Ces différentes thèses contemporaines de l’avènement et du développement du phénomène fasciste dans l’entre-deux-guerres ont laissé place après la guerre, non sans les influen- cer, aux analyses issues des sciences sociales. Le point de cristallisation s’opère dans les années 1950 autour du concept de totalitarisme qui, dans un contexte de guerre froide, englobe les régimes fascistes et communistes. Les proposi- tions d’Hannah Arendt ouvrent un débat sans cesse alimenté et dont les échos se perçoivent encore au début du xxi e siècle. Les historiens, qui s’emparent du phénomène dans les années 1970, n’évitent pas le débat et parfois même la polé- mique. Ernst Nolte, qui considère le fascisme, dont le nazisme est une compo- sante, comme un phénomène transnational européen fondé sur une idéologie antimarxiste visant à répondre au totalitarisme bolchevique, provoque ainsi la « querelle des historiens » (Historikerstreit) à partir des années 1980. En Italie, les travaux de Renzo De Felice qui mettent l’accent sur la singularité du régime mussolinien et le « consensus » qu’il aurait suscité dans la péninsule font l’objet d’âpres discussions. Au-delà des controverses, les recherches historiques se sont principalement focalisées sur les origines du fascisme – autour notamment de la thèse contestée de Zeev Sternhell sur des racines idéologiques françaises – puis sur la nature et le fonctionnement des régimes mis en place. Pierre Milza sug- gère, quant à lui, une approche plurielle du fascisme car, si le terme sert d’abord à désigner la dictature mussolinienne, il s’étend au cours de l’entre-deux-guerres

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