Épidémie | Escande, Laurent

Épidémie 495 Épidémie L’épidémie est la propagation rapide et dans un laps de temps réduit d’une mala- die dans la population d’une région ou d’un pays. Les plus grandes épidémies provoquèrent des ruptures démographiques considérables en Méditerranée. Dans l’imaginaire collectif, le mot « épidémie » est souvent associé à celui de « peste ». Durant l’Antiquité, le mot latin pestis désignait en effet tous les fléaux entraînant une forte mortalité – sens premier du mot « épidémie » – ; ce n’est que progressivement, au cours du Moyen Âge, que le terme « peste » s’imposa pour qualifier couramment la maladie. Les moyens exacts de transmission de l’épidémie ne furent démontrés qu’à la fin du xix e siècle, grâce à l’utilisation du microscope notamment. L’idée de contagion est cependant présente bien avant parmi les populations confrontées à la peste ; l’expérience empirique suggérait une propagation par contacts interpersonnels, ce qui entraîna une politique de prévention fondée sur l’isolement sanitaire, les quarantaines. Les avancées scien- tifiques du xix e siècle, suivies de décisions politiques, permirent d’imposer au niveau international une protection contre toutes les maladies contagieuses dont le caractère a longtemps été contesté par des universitaires comme des gouver- nants. D’autres maladies épidémiques devaient aussi être contrôlées ; certaines, sans exclusive, ont aussi marqué les esprits, comme le choléra au xix e siècle ou la grippe espagnole en 1918. Dans un espace méditerranéen historiquement ouvert aux échanges, l’épi- démie fut synonyme de fermeture et d’exclusion. Les maisons des malades étaient scellées, les ports fermés, les navires renvoyés au large. La Méditerranée n’est certes pas le seul espace concerné par ces maladies, mais, par l’intensité des relations maritimes entretenues durant des siècles, elle s’y trouva souvent confrontée. Les historiens s’intéressent depuis plusieurs décennies à ces ques- tions. Plusieurs angles existent : une histoire démographique, une histoire des représentations et une histoire de la médecine. Deux grandes sommes (Biraben, 1975, et Panzac, 1985) concernent l’espace méditerranéen ; elles s’efforcent de prendre en compte ces différentes approches. Les travaux postérieurs s’insèrent