Énergie | Benalouache, Nadia; Duruisseau, Kévin; Daviet, Sylvie

Énergie 485 2009) et le réchauffement climatique (Tsayem-Demaze, 2011). Ces limites s’ins- crivent dans un contexte de hausse de la demande mondiale en énergie, résultant principalement de la croissance économique des pays émergents et des Suds. Ces éléments questionnent la durabilité de ce système et conduisent à engager une nouvelle transition énergétique bas carbone (Smil, 2010 ; Fouquet et Pearson, 2012 ; Bridge et al ., 2013 ; Duruisseau, 2014). Les enjeux climat-énergie globaux se retrouvent à l’échelle de la Méditerranée. L’ensemble méditerranéen présente, toutefois, une certaine typicité à l’égard de ces défis. D’une part, selon le rapport de 2007 du Groupe d’experts intergou- vernemental sur l’évolution du climat ( giec ), les pays méditerranéens devraient être particulièrement exposés aux conséquences du réchauffement climatique au cours du xxi e siècle. Un fort réchauffement est prévu (+ 4 °C à + 5,5 °C en 2090‑2099) ainsi qu’une baisse des précipitations (moins 20 % à cet horizon, comparé aux niveaux de 1980‑1999) (Faïd, 2009), accentués par la croissance démographique des pays méridionaux, par l’utilisation intensive des littoraux et par la faible capacité de résilience de cet espace. D’autre part, si dans l’ensemble les pays méditerranéens visent à sécuriser leurs approvisionnements énergétiques et à diversifier leur mix, tout en limitant leurs impacts environnementaux, les impératifs énergétiques des pays du Nord divergent de ceux du Sud : pour les pays du Nord, il s’agit surtout de réduire la consommation, dans le cadre d’une maî- trise de la demande énergétique ; pour les pays du Sud, le défi est de répondre à la demande croissante en énergie. La poursuite de ces objectifs conduit à for- muler des orientations politiques régionales et nationales différentes. Les politiques énergétiques en Méditerranée : une approche régionale Depuis l’entrée en vigueur du traité de Rome en 1957 – fondateur de la Communauté économique européenne ( cee ) –, la volonté d’élaborer une politique d’ensemble à l’égard du bassin méditerranéen est à l’ordre du jour. Toutefois, jusqu’aux années 1970, l’action de la cee a été limitée ; sur le plan économique, cette action était incomplète et la cee n’avait notamment pas de politique énergétique à l’égard des pays méditerranéens. Les années 1970 marquent l’institutionnalisation des relations entre les pays de la cee et les autres pays du bassin méditerranéen. En effet, en septembre 1972, la conférence des chefs d’État et de gouvernement, réunie à Paris, adopte les principes d’une approche régionale. Les accords que la cee négocie avec les Pays tiers méditerranéens ( ptm ) sont principalement liés à des enjeux stratégiques et

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