Énergie | Benalouache, Nadia; Duruisseau, Kévin; Daviet, Sylvie

Énergie 483 le centre d’impulsion des innovations énergétiques s’est progressivement déplacé de la Méditerranée orientale à l’Europe du Nord. En outre, les relations bilaté- rales et coloniales, à cette époque, se sont substituées aux relations internatio- nales entretenues jusqu’alors par le bassin méditerranéen. Alors que l’Occident se développait grâce à la vapeur, la Méditerranée fut réduite à une fonction de transit et par là même, marginalisée. Cette situation s’est maintenue jusqu’à la Seconde Guerre mondiale et la période de décolonisation (Vallat, 2001). En effet, la montée en puissance des hydrocarbures dans le bilan énergétique des pays occidentaux bouleverse cette donne. La valorisation d’importants gisements d’hydrocarbures dans les pays de la rive méridionale intensifie les échanges et modifie l’espace énergétique régional. État des lieux des ressources et réseaux d’échanges en Méditerranée Des ressources essentiellement au sud L’espace sud-méditerranéen est une région énergétiquement hétérogène. Du point de vue des hydrocarbures, on compte trois types de pays. L’Algérie et la Libye sont des États rentiers représentant 2,8 % de la production mondiale d’hydro­ carbures en 2013. L’Égypte, la Syrie, et dans une moindre mesure la Tunisie, sont également producteurs d’hydrocarbures (1,3 % de production mondiale d’hydrocarbures en 2013 – bp Statistical Review of World Energy , juin 2014). Mais les crises politiques en Syrie et en Libye ont entraîné une baisse conséquente de la production d’hydrocarbures dans ces deux pays. En revanche, le Maroc est quasiment dépourvu d’hydrocarbures. Les réserves prouvées de pétrole et de gaz naturel des pays producteurs sont estimées à 4,4 % des réserves mondiales en 2013. Hormis la Tunisie, dont les réserves s’épuisent, la production régio- nale fournit plus de 20 % des importations de pétrole et 35 % de gaz naturel du pourtour méditerranéen (Rahmouni Benhida et Slaoui, 2013). Ces richesses énergétiques sont une source d’approvisionnement incontournable autour de laquelle s’organisent les échanges Sud-Nord, avec l’Union européenne, mais aussi Sud-Sud, entre pays du Maghreb (Faïd, 2009). Les échanges d’hydrocarbures dans le bassin ont nécessité la création de réseaux d’infrastructures constitués, entre autres, d’oléoducs, de flottes de navires-citernes, de méthaniers et de complexes industrialo-portuaires (raffineries, terminaux méthaniers, etc.). Ces réseaux offrent une nouvelle architecture technique et pay- sagère aux littoraux méditerranéens. Ainsi, on assiste, dès 1983, à la construc- tion de l’oléoduc « Enrico Mattei », qui relie Hassi R’mel (Algérie) à Minerbio

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