Élevage (caprins et ovins) | Bourbouze, Alain

Élevage 455 de mobiliser les réserves de graisse en période de sécheresse, désaisonnement sexuel et mises bas d’automne...). Ces races ovines locales ne sauraient suppor- ter des croisements intempestifs. La seule exception concerne quelques régions agricoles très favorables ( bour des plaines atlantiques marocaines ou du Nord tunisien) où se pratiquent le croisement industriel avec des béliers Mérinos ou Île-de-France importés ; à cet effet, une partie du troupeau de brebis locales est saillie par ces béliers importés à haut potentiel de croissance, les produits agneaux mâles et femelles sont rapidement engraissés avec des aliments culti- vés et des concentrés achetés puis vendus en totalité pour éviter tout métissage du troupeau de base. Partout ailleurs, les races locales font mieux que résister, « elles s’imposent ». Par contre, dans les pays de la côte nord et de l’Est méditerranéen aux climats plus cléments, les races locales expriment de meilleures performances tantôt en systèmes spécialisés pour la viande, tantôt pour le lait. Dans ce dernier cas, on observe une évolution spectaculaire vers des races sophistiquées, lourdes et pro- ductives (Churra, Manchega, Lacaune, Sarde...). Chez les caprins Le constat est proche : les races très rustiques au Sud, de types variés, sont sou- vent cantonnées dans les milieux forestiers, les steppes arides et les régions monta- gneuses, souvent associées aux ovins, principalement orientées vers la production de chevreaux, et ne consentent qu’une courte traite printanière récupérée par le berger et rarement transformée en fromage (jben) . Mais au Nord et à l’Est, hormis quelques chèvres à viande, les races sont mixtes ou laitières. La France développe une filière hautement spécialisée et particulièrement intensive en ne s’appuyant que sur une seule race, l’Alpine (et sa « sœur » la Saanen). Les chèvres sont alors franchement laitières à destination exclusivement fromagère, en pro- duction fermière ou industrielle. Les races locales du Nord tendent donc à se métisser ou à disparaître. Sur une carte de la Méditerranée on repère ainsi : a) à l’Est, le « rameau kurde » avec la race Angora des plateaux anatoliens turcs (poils longs – laine mohair –, peu laitière, cornes spiralées) ; b) les races mixtes lait/viande des Balkans qui assurent la production de fromages (feta, kachkaval) en lait de mélange ; c) le rameau nubio-syrien avec notamment la Damasquine, la Mambrine, la Nubienne (grande taille, oreilles tombantes, bonnes laitières) et la race Maltaise sans corne, apparentée à ce rameau ; d) les races à viande maghrébines très rus- tiques, de petite taille (20 à 22 kg en montagne aride), à poils longs et résis- tantes ; e) les races espagnoles et pyrénéennes d’une grande variété (plus d’une dizaine, spécialisées viande, mixtes ou laitières comme la fameuse Murciana) qui font de l’Espagne un formidable réservoir génétique ; f ) les races locales Corse,

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