Élevage (caprins et ovins) | Bourbouze, Alain

Élevage 454 la moitié des ovins vendus dans l’année sont mis sur les marchés à cette période clé, soit, pour le Maghreb, 10 millions d’agneaux vendus en quelques semaines pour une production totale de 25 millions. L’exceptionnel patrimoine héréditaire des petits ruminants méditerranéens Les races de moutons et de chèvres ne sont donc pas le fruit du hasard. Elles ont été conçues et façonnées par des hommes qui, immergés dans un contexte aux multiples contraintes, ont su mobiliser petit à petit leurs moyens et leur savoir-­ faire. L’influence des particularismes régionaux, du compartimentage géogra- phique propre aux régions méditerranéennes (plaines côtières étroites, îles, bassins enclavés...), de la diversité des écosystèmes, des migrations humaines, du com- merce terrestre et maritime, va favoriser la constitution d’isolats génétiques et la fixation de caractères spécifiques de très nombreuses races locales qui repré- sentent un exceptionnel réservoir génétique et de biodiversité. Chez les ovins On distingue cinq groupes principaux : a) les races à queue grasse venues d’Asie Mineure (Awassi turque et israélienne, Barbarine de Tunisie, Barbaresca ita- lienne), en perte de vitesse car elles ne correspondent plus aux goûts des consom- mateurs, étant trop grasses ; b) les races montagnardes Zackel d’Europe centrale à laine grossière venues coloniser les Balkans (Ruda d’Albanie, Vlahico de Grèce) ; c) les brebis blanches à laine fine de l’arc latin nord (Espagne, France, Italie) en combinaison avec les Mérinos (Lacaune, Mérinos d’Arles, Manchega, Sopravissana, Gentile de Puglia) ; d) les populations très rustiques à laine gros- sière de la Méditerranée occidentale (la race Corse, la Churra espagnole, les races marocaines telles que Timhadit, Beni Guil, Sardi, Beni Ahsen des plaines, les petites races de montagne dont les brebis pèsent de 25 à 30 kg, les races algé- riennes comme la Hamra, la Rembi et l’excellente Ouled Djellal) ; e) les races prolifiques en systèmes familiaux intensifs pour le lait (la Chios, la Kymi de Grèce) ou pour la viande (la Dman des oasis qui, tous les six mois, produit des jumeaux ou des triplés... soit près de cinq agneaux élevés par an !). En général le Sud méditerranéen exploite des races à viande, quelquefois traites à la sauvette au printemps (exception faite de la Sicilo-Sarde tunisienne), tantôt pastorales, tantôt agricoles, mais qui présentent toutes d’excellentes qua- lités d’adaptation (résistance à la chaleur, capacité de se déplacer et de pâturer des parcours pauvres, résistance aux maladies transmises par les tiques, capacité

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