Écosystèmes | Médail, Frédéric

Écosystèmes 449 Terrains de recherche actuels Depuis les années 1990, les recherches sur les écosystèmes méditerranéens ont connu des avancées tangibles, qui ont permis de dépasser les approches surtout descriptives conduites jusqu’alors. Écologie évolutive, macroécologie, paléo­ écologie, écologie théorique, écologie fonctionnelle, ingénierie écologique for- ment des champs thématiques en constante progression. Ils conduisent à mieux comprendre les processus à l’origine des assemblages actuels d’espèces, et per- mettent d’en décrypter le devenir face aux changements globaux en cours. L’intégration des connaissances évolutives permet de mieux analyser les méca- nismes liés aux « règles d’assemblages » des espèces au sein des communautés ou écosystèmes, et qui se déroulent sur des échelles de temps long (macroévolution) ou court (microévolution). Une des voies développées actuellement consiste à mesurer et comparer les structures phylogénétiques des communautés, par exemple entre des écosystèmes similaires sur le plan structurel, mais qui ont connu des histoires biogéographiques différentes. La phylogénie comparative a ainsi montré que la présence conjointe, dans les cinq écorégions méditerranéennes du monde, de végétaux à feuilles sclérophylles (pat exemple, le chêne vert ou le lentisque en Méditerranée) était plus le reflet d’un conservatisme phylogénétique que d’une convergence de nature adaptative face au puissant stress climatique méditerranéen. Ainsi, ces végétaux sclérophylles sont en quelque sorte les « fan- tômes écologiques » de lignées tropicales ou subtropicales présentes avant la mise en place du climat méditerranéen, il y a 3,5 millions d’années. Le développement de l’écologie fonctionnelle contribue à affiner les modèles prédictifs examinant les conséquences du changement global, et plus largement la pérennité des services fournis par les écosystèmes. Il s’agit ainsi de mieux comprendre quand et comment les interactions entre espèces peuvent assumer une fonction régulatrice vis-à-vis de l’impact des changements environnemen- taux, notamment climatiques, sur les écosystèmes. Les enjeux de ces recherches sont cruciaux car la région méditerranéenne devrait être l’une des régions du globe les plus affectées par l’aridification et le réchauffement du climat durant les prochaines décennies. Le réchauffement global se fait particulièrement ressentir en milieu marin et il conduit, selon les secteurs, à une « méridionalisation » de la Méditerranée, conjoin- tement à une fréquence accrue des événements climatiques extrêmes. Les recherches en cours montrent toute l’importance des vastes herbiers à Magnoliophytes dans la fixation et le stockage du carbone atmosphérique (« puits de carbone »). Selon l’épaisseur des mattes, les herbiers de posidonie stockent entre 100 et 410 × 10 3 gCm 2 de carbone organique, soit de 11 à 89 %des émissions de CO 2 produites par les pays

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