Échanges commerciaux (Moyen Âge) | Ouerfelli, Mohamed

Échanges commerciaux 421 Fès. La forte concentration de populations dans les centres urbains a dynamisé les activités de production et d’échange, d’où l’appel soutenu à la consommation de toutes sortes de denrées, qui font l’objet d’un trafic de plus en plus étendu, entre la Méditerranée et l’océan Indien. La fondation des arsenaux a permis à des villes côtières du Maghreb, comme Bougie et Tunis, de jouer un rôle prépondérant dans les échanges avec la rive nord de la Méditerranée. Ces villes se sont dotées d’infrastructures portuaires et de moyens de contrôle tels que la douane pour faciliter les échanges et la col- lecte des taxes sur les marchandises. À partir du xii e siècle, musulmans et Byzantins perdent du terrain au profit des cités maritimes italiennes, qui s’affranchissent de la tutelle byzantine et affir- ment leur intention de jouer un rôle prépondérant dans le monde méditerranéen. Durant le xi e siècle, Génois et Pisans lancent des expéditions militaires contre les possessions musulmanes de la Méditerranée occidentale et participent à la croisade, en apportant le concours de leurs flottes pour transporter troupes et matériel en Terre sainte. En contrepartie, ils obtiennent d’importants privilèges commerciaux qu’ils consolident en négociant avec les souverains byzantins et musulmans des traités de paix et de commerce. De ce fait, le commerce des pro- duits de l’Asie, en particulier celui des épices, connaît un essor spectaculaire et influence les modes de consommation dans les sociétés occidentales. D’autres marchandises ont fait l’objet d’un commerce actif : les grains constituent de loin le trafic le plus important ; il s’accentue au moment de la soudure, et surtout pendant les disettes et les famines, frappant les régions déficitaires aussi bien au sud qu’au nord de la Méditerranée. Les produits alimentaires tiennent une place non négligeable dans les échanges commerciaux : le vin, les fromages, les fruits secs, le sucre, et le sel qui a fait la fortune de Venise. Des produits manufacturés ont circulé entre les deux extrémités de cette mer : des tissus, des objets en céramique. Les métaux précieux figurent parmi les mar- chandises échangées dans les ports méditerranéens ; l’argent provient essentiellement des mines de l’Europe centrale. L’or de l’Afrique subsaharienne (l’or du Soudan) remonte vers les ports maghrébins : Bougie, Tunis et Tripoli. Le trafic maritime concerne également les armes ou des produits stratégiques, indispensables à la construction navale comme le bois et le fer, malgré les interdictions pontificales. Par la conquête de marchés et la fondation de comptoirs commerciaux, les Italiens, en particulier les Génois et les Vénitiens, deviennent à la fin du Moyen Âge, et de loin, les hommes d’affaires les plus puissants : ils possèdent des capi- taux importants, des techniques commerciales adaptées aux besoins du négoce international et surtout de puissantes flottes, capables de relier les centres de production et d’approvisionnement avec la métropole et les principales places marchandes. Les Catalans, les Provençaux et les Languedociens sont également

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