Eau (gestion de l'eau) | Wateau, Fabienne

Eau 410 La situation générale en Méditerranée est donc complexe. De fait, les ressources en eau renouvelables ne suffisent déjà plus à satisfaire l’Espagne et la Libye ; la qualité de l’eau se dégrade en surface comme en profondeur ; la demande s’accroît (Ruf et al. , 2012). Le recours aux ressources non conven- tionnelles devient une nécessité pour certains pays : dessalement des eaux sau- mâtres ou de l’eau de mer (Malte, Israël, Espagne), réutilisation des eaux usées (Israël), puisage de l’eau fossile des grands aquifères sahariens (Libye, Algérie). La gestion de l’eau confiée à des entreprises privées induit aussi un coût, une « marchandisation de l’eau » qui exclut les plus démunis de l’accès à la ressource. Aussi, quelles options adopter ? La Fondation Pour une nouvelle culture de l’eau en Espagne a, ces dernières années, tenté de sensibiliser les populations en ouvrant sur le débat public. Discours de citoyenneté et de plus grande par- ticipation des populations : l’économiste Pedro Arrojo, par exemple, pour une prise de conscience collective d’une meilleure gestion de l’eau, revendique à la fois une eau pour la vie (les 30 litres/jour minimum), une eau citoyenne (celle des activités d’intérêt général) et une eau pour l’économie (représentant actuel- lement 60 à 70 % de la consommation totale d’eau). Le système de tarifica- tion de l’eau serait alors adapté, où les 30 premiers litres seraient gratuits, les 100 suivants facturés au prix que représentent pour la collectivité l’adduction et le traitement de l’eau, et les 50 suivants 20 % plus cher, et ainsi de suite. Celui qui veut remplir sa piscine, ajoute-t‑il, paiera 200 % plus cher, ce qui servira à financer les droits humains et citoyens de ceux qui ne peuvent pas partici- per financièrement. En d’autres termes, le principe ici retenu est celui d’une responsabilité citoyenne, publique et participative (Arrojo, in Aubry, 2007). Sans incompatibilité, d’autres appellent à la réhabilitation des systèmes ances- traux, écologiques et économes en eau, dans certaines régions pour le moins, là où l’équilibre social et environnemental avait déjà fait ses preuves. La per- tinence de l’irrigation intensive commence aussi à être réévaluée, au profit de cultures moins gourmandes en eau ou de systèmes d’arrosage de plus grande précision. De fait, il est urgent de se préoccuper d’économie d’eau, notam- ment sur les usages agricoles. Enfin, l’approche économique ne suffit plus, une coopération entre les États s’impose et une perception géopolitique de l’eau, devenue incontournable, appelle en faveur d’actions concertées et d’ac- cords transnationaux. Fabienne Wateau ➤➤ Al-Andalus, anthropologie, archéologie, climat, conflit, développement durable, montagne, patrimoine, paysage, sel, terrasses, vigne

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