Eau (gestion de l'eau) | Wateau, Fabienne

Eau 408 il s’agit d’adapter la gestion de l’eau autrefois agricole à de nouveaux usages et usagers (remplissage des piscines, arrosage des jardins, etc.) en proposant des associations qui réunissent les agriculteurs, les particuliers et les collectivités. Les asa (associations syndicales autorisées) qui existent en France dès la fin du xix e siècle tendent aujourd’hui à être remplacées par des syndicats mixtes asso- ciant le public et le privé (par exemple les sage – Schémas d’aménagement et de gestion de l’eau). La gestion de l’eau devient participative et dans la mesure du possible intégrée. Au Maghreb, dans un cadre touristique également, il s’agit en certains endroits de réhabiliter les meskat et foggaras , techniques anciennes, durables et écologiques, au regard du coût du dessalement de l’eau et de sa per- tinence en termes de solution pour la planète. L’objectif est aussi de rappeler que les sociétés du Maghreb sont à la fois grandes utilisatrices et grandes économes d’eau (jardins, mosquée, fontaines publiques, ablutions religieuses), en précisant que l’eau a toujours renvoyé à des préoccupations de dignité, d’humanité et de respect de soi (Bouguerra, in Aubry, 2007). Une revalorisation des techniques et des savoir-faire locaux s’inscrit au cœur des préoccupations de participation citoyenne et de débats publics. De la petite à la grande hydraulique (Bouderbala et al. , 1984), enfin, cer- taines communautés d’irrigants ont perdu la main sur la gestion de leur eau. La grande hydraulique a surtout pris de l’ampleur à partir des années 1950 en Méditerranée, en développant des infrastructures de tailles (barrages, canaux de transfert régionaux, interrégionaux et internationaux) et en proposant la réor- ganisation profonde des modes de gestion de l’eau. Soutenues par les États, les communautés d’irrigants ont tout d’abord été invitées à se regrouper en associations, où les logiques locales d’organisation sociale fondées sur la hié- rarchie, l’ancienneté, le milieu ou les techniques n’avaient plus lieu d’être. Des modèles de gestion ont été édictés (dont la répartition des responsabilités entre l’État, les collectivités publiques et le secteur privé ; le contrôle de la répartition à l’aide de répartiteurs et de compteurs ; et la vente de l’eau, soit le début d’une marchandisation de la ressource), ainsi que de nouvelles exigences de produc- tion souhaitées et une irrigation intensive toujours préconisée. Mais depuis les années 1990, pour des raisons économiques essentiellement, les États se sont désengagés et ont délégué la gestion de l’irrigation à de nouvelles structures (agences régionales, groupements d’irrigants, sociétés privées, etc.), le plus sou- vent au détriment des ressources. Il en résulte en certains endroits des dérègle- ments notoires en termes de sociétés et de gestion de l’eau. En Tunisie, dans la région de Zaghouan, après trois ans d’irrigation intensive, la moitié des agri­ culteurs était revenue aux cultures en sec et à l’élevage ovin. Les raisons sont plu- rielles. Sont tout d’abord évoqués des problèmes d’ordre technico-économique, comme l’accès à l’eau non assuré de manière régulière et en quantité suffisante ;

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