Divination | Crippa, Sabina

Divination 388 Divination technique ou inspirée En Mésopotamie, les opérateurs rituels, soumis au souverain et sollicités par lui-­ même, apprenaient la divination dans des écoles qui formaient de très nom- breux élèves à la rédaction de textes savants spécialisés. La mise en pratique de cette divination déductive s’inspirait des procédures de justice. Comme un juge, le devin examinait ces pièces du procès qu’étaient les présages, les comparait à des « lois », écrites ou non, et rendait une décision équivalente à une sentence concernant le sort de la personne impliquée dans ces présages. La divination déductive mésopotamienne se présente comme une discipline véritablement encyclopédique. Elle a cherché les présages dans tous les phéno- mènes observables de la nature : céleste et terrestre, inanimé et animé, animal et humain, physiologique et psychique. Son caractère avant tout technique, « séculier », « scientifique », est né de la vision du monde de la culture mésopo- tamienne. Cette attitude « abstraite » et « scientifique » devant les choses apparaît également tantôt en médecine – où la chose est d’autant plus frappante que nous connaissons au moins un traité de diagnostics et pronostics médicaux construits exactement sur le type des traités divinatoires –, tantôt en astronomie, sortie directement de disciplines mantiques analogues, en l’occurrence l’astrologie. En Grèce, à la divination occasionnelle, indépendante de la Sibylle, s’oppose le modèle institutionnel, permanent de la Pythie, soumise au contrôle du sanctuaire. La tradition oraculaire grecque est traversée par l’ambiguïté – F. Dürrenmatt évoque magistralement cet imaginaire de l’oracle en Grèce, oscillant toujours entre l’ambiguïté proverbiale et la réponse dépourvue de nuance oui/non – concer- nant le rôle effectif des prêtres. La procédure de Delphes et des autres centres oraculaires de la Méditerranée grecque est celle d’une divination atechnos (sine arte) , une divination « spontanée ». On suppose que, dans la « transe », un dieu ou une entité surhumaine émet un discours qui implique un langage humain, mais qui véhicule directement des savoirs et des vouloirs divins. Si en Grèce la divination inspirée est la plus largement reçue, y compris dans les affaires publiques, à Rome seuls les oracles des Livres sibyllins rédigés en grec sont admis officiellement dans le cadre d’une divination inspirée. Les deux autres pratiques officielles, l’art augural et celui des aruspices, appartiennent à un second genre, celui qui relève d’une technique ; en tout cas, les Romains choisissent des magistrats dotés d’une autorité obtenue d’une délégation du peuple romain après leur élection. À la fin de la République, leur prétendue observation devint un moyen d’obstruction politique. Les augures, quant à eux, pouvaient annon- cer des signes défavorables : une sorte de droit de veto s’exerçant par des signes (par exemple, oiseaux, poulets sacrés).

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