Diaspora | Anteby-Yemini, Lisa

Diaspora 382 d’origine, ingérence dans la politique du pays d’origine, telle celle des Tunisiens, exilés en France, dans les élections de 2012). Réciproquement, les pays d’ori- gine instrumentalisent leur diaspora dans un but politique ou économique en coupant ou réactualisant les liens (possibilité de voter ou octroi de la double nationalité). Les Nouvelles technologies de l’information et de la communication ( ntic ) détiennent ici une fonction centrale dans la construction de diasporas mais aussi dans leur renforcement, que ce soit pour maintenir des liens entre co-­ diasporiques dans le monde ou avec la terre d’origine (par exemple par courrier électronique, forums ethniques ou sites d’informations alternatives). À l’heure de la globalisation, des questionnements renouvelés sur le rôle des diasporas et leur intégration dans les pays d’accueil sont plus que jamais d’ac- tualité, notamment en tant que précurseurs des communautés transnationales d’aujourd’hui. Si les migrants de travail ou les demandeurs d’asile actuels déve- loppent des pratiques transnationales en maintenant des liens politiques, sociaux, culturels, familiaux et économiques avec leurs pays d’origine, ce sont souvent la durée du séjour dans le pays d’accueil et la structuration de la communauté migrante qui déterminent s’ils formeront une diaspora. Ainsi, toute commu- nauté transnationale ne devient pas une diaspora, même si toute diaspora est, par définition, une communauté transnationale (Van Hear, 1998). Les dias- poras classiques, par exemple, sont souvent ancrées depuis des générations dans le pays d’accueil et ces enracinements donnent lieu à une hybridité cultu- relle, souvent productrice de créativité (tel le Talmud élaboré pendant l’exil juif de Babylone). Cependant, le statut de minorité des diasporas ne disparaît jamais, et elles font régulièrement l’objet de discriminations ou de persécutions en temps de crise ou de réveil nationaliste. C’est pourquoi elles sont souvent soupçonnées de double allégeance, d’autant plus en cas de double citoyenneté. Toutefois, les diasporas représentent aussi de nouvelles formes d’appartenance et de citoyenneté postnationale qui leur permettent aujourd’hui de circuler dans un monde globalisé. Avec la création de foyers nationaux (Arménie), mais aussi avec la perte de territoires d’origine (Palestine), les bouleversements des deux derniers siècles, en Méditerranée, ont donné lieu à des mouvements massifs de départ et de rapatriement vers les terres d’origine. Pourtant, peu d’études se penchent sur les rapatriements, volontaires ou forcés (Stefansson et Markowitz, 2004), alors qu’ils soulèvent des questions concernant les diasporas de retour et leurs ten- sions avec les habitants de la terre d’origine, les choix de certaines diasporas de ne pas revenir au pays ancestral ou encore de quitter leur terre d’origine après la création d’un État. Dans ce panorama des diasporas en Méditerranée, cette région apparaît donc comme l’une des principales zones productrices ainsi que réceptrices de diasporas.

RkJQdWJsaXNoZXIy NDM3MTc=