Diaspora | Anteby-Yemini, Lisa

Diaspora 381 motifs de leur migration sont souvent économiques mais aussi politiques, et rendent difficile la distinction entre migration forcée et volontaire et, par consé- quent, entre communauté migrante et diaspora. Des questions concernant ces différents types de diasporas, en particulier celles en Méditerranée, parcourent les recherches actuelles. Certains spécialistes tentent d’expliquer les processus de formation, de maintien et de disparition de diasporas à travers l’histoire (Van Hear, 1998). Divers facteurs sociaux, poli- tiques, économiques et culturels expliquent ces mécanismes, tels que les « crises migratoires », la migration volontaire ou forcée, des frontières fluctuantes et la création ou disparition d’États (Sheffer, 1986). Les relations du pays d’accueil envers une diaspora jouent également (discriminations, persécutions, politiques et régimes migratoires), autant que les relations entre la diaspora et son territoire d’origine (qui encourage ou non les retours). À ce titre, la Méditerranée en offre plusieurs exemples, tels l’expulsion des musulmans (1492), puis des morisques, convertis de force au christianisme, d’Espagne vers le Maghreb notamment, formant une diaspora « andalouse » ; le retour forcé en 1989 de la minorité turque installée depuis le xix e siècle en Bulgarie ; ou le départ forcé, dans le sil- lage de la création de l’État d’Israël et la montée des nationalismes arabes, de 850 000 juifs de Syrie, du Liban, d’Égypte, d’Irak, d’Iran, du Yémen, de Libye et du Maghreb, conduisant à la disparition de la diaspora juive de ces pays ; ou encore, les expulsions de Palestiniens du Koweït et d’Arabie Saoudite à la suite de la guerre du Golfe (1990‑1992) – alors que certains y étaient installés depuis 1948 – résultant en la disparition dans le Golfe de ces diasporas palesti- niennes émergentes. Enfin, le retour massif des Grecs pontiques d’ex-urss en Grèce ou le rapatriement de Français d’Algérie et de Portugais d’Afrique après la décolonisation attestent également ces dynamiques de diasporisation, de re-­ diasporisation et de dé-diasporisation (Van Hear, 1998) observées dans l’aire méditerranéenne. Les liens des diasporas à leur terre d’origine (réelle, mythique, virtuelle, contestée) font aussi l’objet de travaux récents. Les images du territoire ancestral varient selon les générations, et sa mémoire peut demeurer symbolique (surtout si le retour est impossible) ou d’autres centres peuvent s’imposer comme pôles d’influence. Pourtant, la plupart des diasporas entretiennent des liens privilé- giés avec leur terre d’origine, prenant la forme de voyages (visites saisonnières, migrations pendulaires, vacances, tourisme des « racines »), pèlerinages, célébra- tions de fêtes ou rites religieux (mariages) et d’enterrements. Les liens peuvent aussi être d’ordre monétaire (remises financières, investissements, aide humani- taire, soutien d’associations ou d’institutions), social (transfert de biens culturels et spirituels, diffusion de notions démocratiques) ou politique (lobbies dans les pays d’accueil, rôle de la diaspora dans la création d’un État-nation sur la terre

RkJQdWJsaXNoZXIy NDM3MTc=