Diaspora | Anteby-Yemini, Lisa

Diaspora 380 et des exodes massifs aux xix e et xx e siècles. Enfin, les Tsiganes, dispersés dans l’espace méditerranéen, sont parfois désignés comme diaspora, bien qu’ils n’aient ni terre ni mythe de retour, mais ce terme, à leur sujet, est justifié par leur expérience d’une longue dispersion, de migrations forcées, et de persécu- tions dont le génocide par l’Allemagne nazie qui extermina entre 250 000 et 500 000 d’entre eux. Depuis peu, des revendications émergent, afin de se faire reconnaître comme « diaspora rom ». On observe donc des processus de diasporisation de nouveaux groupes en Méditerranée, qui revendiquent une conscience ethnique ou nationale forte et résistent à l’assimilation. La dimension politique est prégnante dans ces nou- velles diasporas – souvent en vue d’un projet de création d’un État national et d’un retour, particulièrement pour celles sans État. En revanche, d’autres dias- poras modernes font appel à la revendication diasporique à des fins de politiques identitaires où le lien communautaire ou le mode de vie font partie intégrante de la condition diasporique (comme pour les Roms, par exemple). Les diasporas « émergentes » Depuis deux décennies environ, avec la chute du communisme et l’intensifica- tion des migrations Sud-Nord, la Méditerranée connaît un nouvel ordre migra- toire qui crée à la fois une circulation de diasporas méditerranéennes et l’arrivée de nouvelles diasporas africaines, asiatiques et sud-américaines. En effet, avec l’effondrement des régimes totalitaires dans les Balkans et dans l’ex-urss , des émigrations massives vers le pourtour méditerranéen se poursuivent, créant, par exemple, une diaspora albanaise en Italie, en Grèce et ailleurs en Europe. De façon concomitante, les régions méditerranéennes sont traversées par des flux croissants de migrants de travail et de demandeurs d’asile ; certains atteignent les pays de la rive nord (Italie, Grèce, Espagne, France), alors que d’autres ne peuvent pénétrer dans la « forteresse Europe » et demeurent en transit – au Maghreb, en Turquie, en Libye, en Israël, au Liban ou en Égypte. Ces « dias- poras d’asile » (Van Hear, 1998) ne sont pas les premières populations afri- caines en Méditerranée. Les esclaves des empires romain ou ottoman les ont sans doute précédées, mais restent un sujet encore peu étudié dans les travaux sur les diasporas en Méditerranée. D’autres diasporas émergentes sont constituées des diasporas de travail d’Asiatiques (Chinois, Philippin(e)s, Indiens, Sri-Lankais) et de Sud-Américains dans les pays des rives nord et sud de la Méditerranée. Elles ont souvent des structures économiques, religieuses et culturelles encore peu développées et un nombre restreint d’institutions ou d’organisations commu­ nautaires, bien qu’il existe divers degrés de diasporisation entre les groupes. Les

RkJQdWJsaXNoZXIy NDM3MTc=