Développement durable | Lazarev, Grigori

Développement durable 374 de bonne gouvernance. Le besoin de réformes politiques et sociales reste fort, en particulier dans le domaine des droits de l’homme et de l’égalité des sexes, où elles tardent à se mettre en place. Si les réformes indispensables ne sont pas mises en œuvre d’urgence, la tendance à un accroissement des disparités politiques, économiques et sociales entre les deux rives de la Méditerranée aboutira à une instabilité croissante et l’asymétrie économique et sociale existante ne fera que s’accentuer. L’alternative consisterait à optimiser les complémentarités et les potentialités entre Nord et Sud dans le cadre d’un processus de développement durable conjoint mais dif- férencié, de manière à maximiser les effets positifs de la mondialisation. Le choix à long terme doit se faire en définitive entre, d’une part, un déve- loppement inégal du Nord et du Sud, et d’autre part, un développement conjoint, bâti autour de la notion forte de destin régional commun. Dans cette perspective, la meilleure chance qu’ont les pays méditerranéens – qu’ils soient ou non membres de l’Union – de relever le défi de la mondialisation et de devenir concurrentiels dans le monde multipolaire, qui tend à se constituer, consiste à unir leurs forces dans un espace régional élargi, allant de l’Europe à la Méditerranée, et d’en faire un espace de stabilité, de prospérité partagée, de démocratie et de tolérance. La Stratégie méditerranéenne pour le développement durable est-elle toujours pertinente ? Dans ses fondements, la réponse est sans nul doute affirmative. Les tendances, les déficits, les points de crise qui ont conduit à sa formulation n’ont guère changé, si ce n’est dans le sens d’une aggravation. Elle reste plus que jamais nécessaire pour faire face aux défis. Mais le contexte dans lequel elle a été formulée s’est profondément modifié et ses temporalités, ses conditions de mise en œuvre sont à repenser dans un contexte qui appelle de nouvelles approches politiques. Les mouvements sociaux qui ont changé la donne politique dans plusieurs pays de la rive sud de la Méditerranée ont fait entrer leurs sociétés nationales dans des transitions difficiles qui, probablement, ne se stabiliseront pas avant plusieurs années. La crise financière dans le monde et les difficultés de la conso- lidation de l’Europe compromettent les politiques de l’emploi et de la mobilité du travail. Celles-ci se heurtent à des ralentissements de croissance et à des poli- tiques migratoires de plus en plus cadenassées. Ces ruptures ont malheureuse- ment renvoyé dans des espaces marginaux de la réflexion politique les priorités sur le développement durable. Les contraintes sont pourtant là et ne cessent de s’aggraver. Le changement climatique installe de plus en plus vite la Méditerranée dans une zone de tensions écologiques. Le plus grand défi, aux débuts de la deuxième décennie du siècle, et dans les toutes prochaines années, est de réinsérer le développement durable dans le dis- cours politique. Il doit y entrer en étant compris dans la large acception qui lui

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