Développement durable | Lazarev, Grigori

Développement durable 371 La dégradation environnementale s’est accélérée depuis quelques décennies, mettant en mouvement une évolution irréversible qui prend les formes suivantes : – des terres agricoles de grande qualité disparaissent à cause de l’urbanisa- tion et de la salinisation ; plus de 80 % des zones arides et sèches sont touchées par la désertification, dont les conséquences seront encore accrues par l’impact du changement climatique ; – les rares ressources en eau sont surexploitées et menacées d’épuisement ou de dégradation ; – le cadre de vie urbain et la santé sont dégradés par la congestion due aux transports motorisés, le bruit, la mauvaise qualité de l’air et la croissance rapide de la production de déchets ; – le littoral et la mer sont victimes de la pollution, les côtes s’artificialisent et/ou s’érodent, tandis que les ressources halieutiques s’amenuisent ; – les paysages et la biodiversité irremplaçables de la région, depuis les litto- raux densément peuplés jusqu’aux arrière-pays marginalisés, surexploités ou au contraire à l’abandon, sont bouleversés. Bien qu’il soit difficile de les traduire en chiffres, les coûts de la dégrada- tion de l’environnement sont, à l’évidence, très significatifs. En outre, la région est de plus en plus vulnérable aux inondations, coulées de boues, séismes, tsuna- mis, sécheresses, incendies et déséquilibres écologiques, qui ont un impact direct et immédiat sur les revenus et le bien-être d’une grande partie de la population. L’augmentation potentielle de la pression environnementale dans les régions côtières dans les vingt prochaines années est considérable, en particulier du fait du tourisme avec 137 millions de visiteurs supplémentaires, des transports qui devraient plus que doubler en volume, de l’urbanisation (33 millions de per- sonnes supplémentaires à loger) et de l’étalement urbain ou des infrastructures énergétiques. L’extension continue des modes de production et de consomma- tion non durables est susceptible d’augmenter gravement les coûts de la dégra- dation environnementale, lesquels, selon les chiffres de la Banque mondiale, représentent déjà entre 3 et 5 % du pib . L’environnement n’est pas à consi- dérer comme contrainte supplémentaire, mais des expériences de plus en plus convaincantes montrent que sa bonne gestion peut créer des opportunités de développement économique longtemps sous-estimées. Les populations de la Méditerranée sont aujourd’hui beaucoup plus conscientes des risques qui pèsent sur leur environnement et sur leur exceptionnel patri- moine naturel et culturel. Des politiques et des actions importantes ont été menées dans presque tous les pays et montrent qu’il est possible de trouver des solutions adaptées aux spécificités des problèmes, des cultures et des territoires méditerranéens. Ces efforts sont cependant trop peu nombreux pour inverser les tendances actuelles non viables. Si des changements majeurs n’interviennent

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