Désert | Côte, Marc

Désert 360 Le désert, annexe du monde « utile » C’est là un tout autre visage du désert face à la Méditerranée. Ce monde, fait de grands espaces, de relations et de flux lointains, a pu, dans un autre contexte, se fermer sur lui-même. Cela a été le cas aux xix e et xx e siècles, dans le contexte de la colonisation et des États-nations. Cette ère a été celle d’une appropriation de l’espace, de sa délimitation, de son compartimentage. La colonisation a défini des territoires, les États-nations ont hérité de ces limites et les ont fait perdurer. Dans ce cadre, les déserts ont été intégrés dans les différents territoires nationaux. C’est alors que les confins sont devenus frontières rigides, qu’ont été délimités les États actuels : dans la portion occidentale, le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Libye, et dans la portion orientale, l’Égypte, l’Arabie, la Jordanie, Israël, le Liban, la Syrie, l’Irak. Chacun de ces États s’est dès lors organisé suivant un gradient de décroissance, depuis sa capitale jusqu’aux frontières périphériques. Les territoires désertiques sont devenus des marges. Et le grand désert s’est trouvé compartimenté. Les vieilles complémentarités désert/Méditerranée au niveau local ont été renfor- cées. Mais l’unité du désert au niveau global a été gommée. Dans ce nouveau cadre, les États ont tendu à l’intégration étroite de leur por- tion désertique, l’ont quadrillée par un maillage administratif similaire à celui des portions non désertiques, et y ont créé des infrastructures, des villes-relais, des équipements, installé des fonctionnaires ou des militaires. Ces territoires ont pro- gressivement pris un visage de modernité, se sont fortement urbanisés, ont vu leur population gonfler parfois dans des proportions considérables. Un désert moderne et « développé » s’est progressivement dessiné. Désert banalisé aussi. Le désert qui fournit eau et pétrole En cette fin du xx e siècle et ce début du xxi e , le renouveau des échanges, la mon- dialisation redonnent aux déserts une nouvelle respiration. Le rôle de transit retrouve ses droits. La manifestation la plus évidente en est la grande migration des Subsahariens vers les rivages nord. Mus par la prise de conscience des diffé- rentiels énormes entre Nord et Sud, les Subsahariens montent depuis plusieurs décennies vers l’Europe, retrouvant souvent les itinéraires médiévaux à travers les déserts, et se fixent temporairement ou définitivement en cours de route. D’autres mouvements animent parallèlement ces déserts. Car les Temps modernes ont découvert dans leurs sous-sols des richesses. Il se trouve – hasard

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