Désert | Côte, Marc

Désert 359 Pasteurs ou commerçants, les nomades ont largement contribué à l’unité de ce monde méditerranéen méridional. Il y a là une permanence du rôle des confins désertiques dans la gestation du foyer méditerranéen. Le désert qui ouvre ses horizons au transit Les déserts du Sahara et de la péninsule Arabique ne sont pas des culs-de-sac ; ils ont pu se comporter comme des boulevards conduisant vers d’autres mondes, l’Afrique noire et l’Arabie heureuse. Durant huit à dix siècles (du ix e au xviii e ), un trafic caravanier a utilisé ces espaces pour unir la Méditerranée et ces mondes lointains, et y a créé des itinéraires. Routes de l’or à travers le Sahara, qui, par sept ou huit itinéraires différents, de tracé méridien, ont conduit vers les rivages nord l’or et les esclaves prove- nant des pays tropicaux. Routes de l’encens, qui, par des voies parallèles à la mer Rouge, apportaient l’encens de l’Arabie heureuse au littoral méditerranéen (de Maigret, 2003). Route de la soie, qui, par une voie (souvent dédoublée) de 6 000 km, reliait les Échelles du Levant et les capitales du Moyen-Orient aux cités de la Chine ancienne par les déserts de l’Asie centrale. Dix siècles durant, des milliers de caravanes ont animé ces étendues déser- tiques. Et plusieurs millions d’esclaves ont été déracinés des zones sahéliennes pour peupler le désert (oasis), ou aboutir aux cités du Nord où ils fournissaient serviteurs, soldats, eunuques. Ils sont à l’origine des communautés noires que l’on trouve aujourd’hui dans ces cités. Ce transit commercial était le fait des empires arabes du Moyen-Orient, des royaumes soudanais, des États du Yémen, d’Oman, d’Iran. Mais il profitait éga- lement aux territoires des déserts traversés, car il y a généré la création d’oasis-­ relais, de cités commerciales, de villes portuaires. C’est à leur position d’interface entre Méditerranée et déserts que des cités comme Gabès, Tripoli, Benghazi, Alexandrie, les Échelles du Levant doivent d’avoir acquis leur activité et leur notoriété au cours de l’histoire. Ces routes ont été renforcées par celles du pèlerinage aux lieux saints, qui drainaient des quatre coins de la Méditerranée les pèlerins sur La Mecque, Médine ou Jérusalem.