Démographie | Blöss-Widmer, Isabelle

Démographie 348 Cette dynamique est le résultat d’un niveau encore élevé de fécondité alors même que la mortalité a déjà entamé son évolution à la baisse. Cet écart explique la croissance démographique des pays méditerranéens. Plus précisément, une fécon- dité encore élevée s’observe au sud et à l’est de la Méditerranée (2,6 enfants par femme en moyenne). Hormis des pays tels que la Turquie, la Tunisie, Chypre, le Liban ou même le Maroc – où les niveaux conjoncturels de fécondité ne dépassent pas 2,5 enfants par femme –, les autres pays de ce groupe connaissent une fécon- dité encore très soutenue selon les années, pouvant atteindre 3 enfants par femme (Égypte, Israël, Syrie, Jordanie…), voire plus de 4 en Palestine. Cet indicateur annuel de fécondité est un indicateur conjoncturel, c’est-à-dire qu’il est très sen- sible à ce que les démographes appellent les « conditions du moment », incluant le calendrier de la fécondité, ce qui implique que des retournements de tendance plus ou moins durables peuvent être observés. EnTunisie, par exemple, après une baisse continue de la fécondité, un seuil de résistance semble avoir été atteint tan- dis que l’Algérie, dont la fécondité est parvenue au seuil minimal de 2,2 enfants par femme au début des années 2000, voit son indice remonter quasiment en flèche à près de 3 à partir de 2010. Par conséquent, le « modèle » à 2 enfants dont s’étaient approchés plusieurs pays du Maghreb semble ne plus être aussi « attrac- tif » (Ouadah-Bedidi et al ., 2012), les prévisions des démographes restant encore soumises à nombre de surprises dont les familles sont les premières détentrices. Pour tous les autres pays bordant la Méditerranée, au nord (Espagne, France, Italie, Slovénie, Bosnie, Croatie, Serbie [dont le Kosovo], Macédoine, Grèce, Albanie, Malte), la transition démographique est désormais achevée, avec une croissance naturelle bien inférieure à 0,5 % par an en moyenne ces dernières années (graphique p. 347) : natalité et mortalité sont conjointement parvenues à des plus bas historiques ; la fécondité moyenne y est de 1,5 enfant par femme, c’est-à-dire inférieure au seuil de renouvellement des générations. Alors que la majorité des pays de la rive nord présente une croissance naturelle encore positive, d’autres enregistrent une croissance nulle, voire négative. Dans ce cas, les décès dépassent chaque année les naissances enregistrées. Ainsi, si l’Albanie, Chypre, le Liban, Malte, la France, l’Espagne, la Macédoine et le Monténégro connaissent encore des croissances naturelles positives, d’autres telles que la Bosnie-Herzégovine, l’Italie, la Croatie, la Slovénie, la Grèce et la Serbie perdent d’ores et déjà ou perdront bientôt de la population s’il n’y a aucune compensation migratoire. Si globalement les pays les plus féconds et croissants se trouvent sur les rives sud ou est de la Méditerranée, on relève quelques exceptions (Liban, Chypre) ainsi que des pays prêts à rejoindre la liste de ceux dont la transition démographique est achevée. Il s’agit, à court terme, de la Tunisie et de la Turquie, suivies proba- blement d’ici à quelques dizaines d’années, sauf inversion brutale et durable de tendance, par le Maroc ou même l’Algérie. Une convergence démographique est

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