Dauphin | Faget, Daniel

Dauphin 333 en 1956 (coréalisée avec Louis Malle), jouent un rôle éminent dans cette révolu- tion des représentations de l’animal marin. Décrit comme un mammifère doué d’intelligence et d’humour, le dauphin est opposé dans ces deux œuvres à cet « ennemi mortel du marin » (J.-Y. Cousteau) qu’est le requin. Animal vedette de la série américaine Flipper le dauphin, diffusée à partir de 1966 dans les pays de la Communauté économique européenne ( cee ), ce petit cétacé ne va plus dès lors quitter les écrans. Débarrassé de son image d’animal nuisible, le dauphin joue dorénavant en Méditerranée le rôle d’un rédempteur et d’un passeur de nature. Il incarne la survie rassurante d’un monde marin préservé d’où est évacuée toute idée de sauvagerie. La familiarité de ce mam- mifère, naïvement interprétée comme amicale, absout le sentiment de culpabi- lité qui étreint les sociétés contemporaines dans leur rapport au monde animal. Incarnant l’avènement d’une nouvelle harmonie entre l’homme et la mer, la représentation du dauphin n’est pourtant pas exempte d’ambiguïtés. C’est en effet sans état d’âme que les foules nombreuses, qui se pressent pour admirer ses prouesses, acceptent de le contempler captif dans les nombreux parcs d’attrac- tions qui ponctuent le littoral méditerranéen. La capacité du dauphin de récon- cilier l’homme et le monde marin ne semble pas être étendue à d’autres espèces animales, puisque de nouvelles figures de l’effroi s’imposent aujourd’hui auprès des populations riveraines. Qu’elles conservent comme autrefois l’aspect repous- sant d’un squale, ou qu’elles se réfugient dans l’infime incarnation de la peur matérialisée par la méduse, les craintes liées au monde des profondeurs restent peuplées d’un bestiaire inquiétant, que ne parvient pas à repousser l’image ras- surante du gentil dauphin. Protégés par les conventions internationales de Washington (1973), de Bonn (1979) et de Berne (1979), les cétacés ont fait l’objet d’un accord spécifique en 1996, l’ accobams (Agreement on the Conservation of Cetaceans in the Black Sea, Mediterranean Sea and Contiguous Atlantic Area), signé par quinze pays de la Méditerranée. À l’affirmation classique de l’indispensable protection des différentes espèces, cet accord ajoute la nécessité de la création d’aires protégées d’intérêt méditerranéen ( aspim ). C’est dans ce contexte que doit être replacée en 1999 la création par la France, la principauté de Monaco et l’Italie d’un sanc- tuaire pour les mammifères marins. Couvrant 87 500 km 2 , ce sanctuaire a pour vocation de maintenir un état de conservation favorable aux populations de mammifères marins et de permettre leur étroite surveillance. Le sanctuaire Pelagos forme aujourd’hui un triangle partant de l’extrémité nord de la Sardaigne, dont la base relie à l’ouest la presqu’île de Giens (France) et à l’est Fosso Chiarone (Latium), en englobant le vaste ensemble du golfe ligure. Constituant autant d’étapes importantes pour la protection du dauphin en Méditerranée, la signa- ture des textes internationaux comme la création de sanctuaires spécifiques n’ont

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