Corail | Buti, Gilbert; Raveux, Olivier

Corail 308 Corail Classé dans l’embranchement des cnidaires et formant des colonies soute- nues par un axe squelettique calcaire, le corail rouge (Corallium rubrum) est une espèce méditerranéo-atlantique dont la nature animale a été révélée par le médecin marseillais Jean André Peyssonnel en 1723‑1724 et acceptée par la communauté scientifique internationale après un rapport d’Antoine de Jussieu en 1742. En 1758, il fait partie de la classification du monde animal du natu- raliste suédois Carl von Linné. Corallium rubrum est présent sur les côtes euro- péennes et africaines de l’océan Atlantique, notamment au Maroc et au Portugal. Ses principaux gisements sont toutefois concentrés dans le bassin occidental de la Méditerranée, sur les rivages de la frontière algéro-tunisienne et sur les côtes rocheuses présentes du détroit de Gibraltar au détroit de Messine (Costa Brava, Provence, Corse, Sardaigne, Sicile, Ligurie, Toscane, Campanie…) (planche XIX). Le corail est depuis l’Antiquité un élément caractéristique des civilisations méditerranéennes. Conservé en branches ou travaillé pour devenir amulette, passe-temps, médicament, monnaie d’échange ou matière première de bijouterie ou d’objets religieux, il a longtemps cumulé vertus sacrées et pro- fanes, alimenté un patrimoine artistique dense et original, cristallisé les efforts des populations littorales autour de sa pêche, de son industrie et de son com- merce, favorisé les contacts interculturels et la circulation des hommes dans une Méditerranée ouverte sur tous les continents. Durant l’Antiquité et jusqu’au milieu du Moyen Âge, la pêche du corail se fait surtout avec des plongeurs travaillant en apnée, avec des salabres, sortes de lon- gues épuisettes dentées, ou avec des bâtons munis de filets et enfoncés dans un lest (moyeu de plomb ou de pierre). C’est autour des ix e -x e siècles qu’une avan- cée majeure se produit, avec l’apparition de la croix de Saint-André. Peut-être inventé par les Arabes, cet engin de traîne, composé de poutrelles en bois dis- posées en X et de filets où les coraux détachés des massifs viennent s’accrocher, augmente grandement les récoltes mais pose dans le même temps la question de l’équilibre entre l’efficacité des pêches et la préservation de la ressource. Pendant

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