Contrebande | Correale, Francesco

Contrebande 296 emploie environ 50 000 personnes tous métiers confondus. Le trafic suit un axe nord-sud, avec des escales en Corse et en Sardaigne ; et un axe ouest-est, avec une escale à Malte. Au début des années 1950, le trafic du tabac est accompagné des premiers chargements de drogue qui suivent les mêmes routes et accroissent les béné- fices des trafiquants. La drogue remplace presque totalement les cigarettes à la fin des années 1970 en Méditerranée occidentale, tandis que la zone orientale, et particulièrement les côtes de l’Adriatique, continuent d’être parcourues par les contrebandiers de tabac, notamment entre le Monténégro et les Pouilles. Vingt ans plus tard, au tabac et à la drogue s’ajoutent les armes provenant, en grande partie, des stocks de l’ancienne Union soviétique. La désintégration de la Yougoslavie et les guerres balkaniques sont la grande occasion pour de nou- velles mafias albanaises ou ex-yougoslaves, ou l’élargissement des champs d’ac- tion des anciennes familles mafieuses, notamment de la Sacra Corona Unita des Pouilles et de la N’Drangheta calabraise. L’acheminement des armes vers les régions en guerre comporte l’organisation d’une contrebande industrielle par les grands trafiquants, et d’une contrebande « artisanale » dont les protagonistes sont des individus qui la transportent au-delà des très poreuses frontières des nouveaux États des Balkans. Sur les côtes méridionales du bassin méditerranéen, les trafics considérés comme illicites se développent surtout au Liban, où a lieu une active contre- bande d’animaux et d’or au cours des années 1950 ; entre la Tunisie et la Libye, durant la période de l’embargo auquel est soumis le gouvernement de Tripoli (1992‑1999) ; et autour des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla. Au Maroc, d’après les Douanes, la contrebande représente un chiffre d’affaires de 3 milliards de dollars entre 1994 et 1995 et ferait vivre approximativement 600 000 per- sonnes sur une population active de 8 millions. Aujourd’hui, le conflit israélo-­ palestinien, avec le blocus économique de la bande de Gaza décrété par le gouvernement de l’État d’Israël, continue d’être une source permanente de tra- fics de genres divers pour alléger les conditions des habitants, tandis que des études manquent pour vérifier si l’instabilité des pays touchés par les « printemps arabes » a entraîné l’accroissement de la contrebande du fait des difficultés liées aux conflits et aux transitions politiques encore en cours. Francesco Correale ➤➤ Colonisation, conflit, construction navale, course, échanges commerciaux, empires coloniaux, esclavage, frontière, géographie, îles, littoral, Mamelouks, musulmans, navigation, présides, sel

RkJQdWJsaXNoZXIy NDM3MTc=