Contrebande | Correale, Francesco

Contrebande 294 contrebande de produits alimentaires a lieu du xvi e à la moitié du xix e siècle. De nombreuses familles latifundistes s’adonnent au commerce illicite à travers un banditisme endémique, qui répond aux ordres de l’une ou de l’autre famille, engendrant un conflit sanguinaire qui pousse les autorités étatiques à interve- nir manu militari . En 1683, le gouvernement vice-royal promulgue une série de mesures qui frappent les bandits et les mandants. Sur ces côtes se fait également un commerce informel d’esclaves chrétiens, peu connu, qui s’accroît considéra- blement au cours du xvii e siècle. Les longues guerres de Religion, les pénuries qu’elles provoquent incitent les marchands de tous les coins à se transformer en contrebandiers en achemi- nant par l’arc alpin et les Pyrénées tout type de biens susceptibles d’être vendus aux paysans, échappant aux impôts et aux gabelles. Ces phénomènes locaux qui se développent au cours du xvii e et du xviii e siècle, et qui permettent à des régions entières de s’approvisionner en marchandises de plus en plus rares, sont sévèrement punis par les États-nations qui se constituent à partir de la paix de Westphalie en 1648, car ils remettent en question la notion même d’État central et de frontière. Une contrebande très active se déroule le long de la péninsule Italienne, à travers les faibles frontières de la dizaine d’États et principautés qui la divisent entre la fin du xvii e siècle et 1861. Pour combattre cette contrebande, le royaume de Sardaigne institue, en 1774, la « Légion des troupes légères » qui, en temps de paix, se consacre à la surveillance des frontières et qui, en 1861, est appelée « Garde douanière » puis « Garde de finance ». Parmi les articles colpor- tés, on trouve les textes politiques et les ouvrages interdits dans tel ou tel autre État italien après la Restauration de 1815. Cependant, un essor de la contre- bande à grande échelle a lieu par réaction aux blocus décrétés tout au long du xviii e siècle, parallèlement aux guerres qui s’enchaînent les unes aux autres, de la guerre de Succession espagnole (1701‑1714) à la guerre de Sept Ans (1756‑1763). Ces guerres affectent gravement les échanges commerciaux et provoquent le déve- loppement de véritables zones franches de la contrebande en Méditerranée, tels Gibraltar ou les enclaves de Ceuta et Melilla. La même situation se reproduit à la fin du siècle, quand l’Angleterre décide le blocus naval de la France révo- lutionnaire, suivi quelques années plus tard par le blocus continental français interdisant le commerce des marchandises en provenance du Royaume-Uni… Mais ces dernières circulent et se vendent clandestinement un peu partout dans les régions contrôlées par Napoléon ! Au cours du xix e siècle, l’un des terrains les plus fertiles de la contrebande est l’Espagne, secouée par quarante années de guerres civiles (trois guerres carlistes entre 1833 et 1876). Cent ans plus tard, la péninsule Ibérique est toujours au-­ devant de la scène, non seulement pour les trafics qui continuent à avoir lieu par les Pyrénées, le Portugal, les enclaves africaines et Gibraltar, mais aussi parce

RkJQdWJsaXNoZXIy NDM3MTc=