Colonisation | Sèbe, Berny

Colonisation 265 Colonisation L’histoire de la Méditerranée et celle des colonisations ont partie liée, non seu- lement parce que le bassin méditerranéen a vu tout au long de son histoire de nombreux mouvements de colons, mais aussi parce que c’est en Méditerranée que l’on trouve la racine du concept de « colonisation », décliné ici au pluriel pour refléter ses multiples occurrences, objectifs et effets. Par « colonisation », on entend ici « l’action de coloniser » ou « le résultat de cette action » ( Dictionnaire de l’Académie française , 9 e éd.), c’est-à-dire l’établissement d’un groupe de per- sonnes ou d’une communauté sur un territoire qui n’appartenait pas antérieure- ment à leur aire politique, culturelle ou économique. La colonisation implique un transfert de population vers un nouveau territoire, avec le maintien de liens culturels (langue, religion, etc.) et politiques avec leur contrée d’origine. À ce titre, la colonisation doit être distinguée de l’impérialisme, dont la vocation première est d’établir ou perpétuer la domination d’un État sur un ou plusieurs peuples ou États, mais qui ne repose pas exclusivement sur l’exportation de populations porteuses de ses valeurs et traditions (bien qu’il en fasse souvent l’usage). Siège de multiples civilisations aux ambitions expansionnistes et universa- listes, et théâtre de nombreuses luttes d’influence politiques, théologiques et militaires, le bassin méditerranéen est l’une des régions du monde où la pra- tique de la colonisation a été le plus répandue à travers les âges – ce qui ne doit pas faire oublier que de tels processus ont eu lieu ailleurs aussi, par exemple en Asie. Espace de séparation, de confrontation, d’échanges et de brassages de populations, la Méditerranée a vu se développer des civilisations qui furent, tour à tour, vecteurs et victimes de ces mouvements de population et d’accultu­ ration qui caractérisent toute colonisation. La structuration politique et reli- gieuse précoce de nombreuses sociétés méditerranéennes, et la configuration géographique propice aux mouvements de marchandises et d’idées, ont favo- risé l’expansion des aires phénicienne, grecque, carthaginoise, romaine, chré- tienne et musulmane, chaque période de transition étant marquée par des confrontations violentes.

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