Chrétiens | Kaoues, Fatiha

Chrétiens 234 Les Églises occidentales Durant son histoire, l’Église n’a cessé de combattre les hérésies qui se sont déve- loppées en son sein. Nombre de mouvements hérétiques ont ainsi été châtiés impitoyablement, comme les vaudois ou les cathares. Après que ces derniers ont été pourchassés au xiii e siècle, le surgissement de la Réforme quelque trois siècles plus tard constitue un défi de première importance pour l’Église catho- lique. La Contre-Réforme est un événement de portée remarquable qui connaît un indéniable succès, même si elle ne vient pas à bout du protestantisme. Au xvii e siècle, le jansénisme trouble de nouveau l’Église. La lutte est encore plus féroce avec l’apparition de mouvements contestataires d’inspiration athée, une menace aggravée à la fin du même siècle par la Révolution française. La critique moderniste demeure, de nos jours, au nombre des défis majeurs auxquels le chris- tianisme est confronté, même si entre-temps, l’aggiornamento auquel procède Vatican II (1962‑1965) illustre spectaculairement la réconciliation d’un certain christianisme avec la modernité. Le mouvement de schisme religieux que l’on allait qualifier bientôt de « pro- testant » est initié depuis l’Allemagne, au début du xvi e siècle par le moine augustin Martin Luther (1483‑1546) qui rédigea en 1517 ses 95 thèses contre la vertu des indulgences. L’œuvre majeure de Luther qui connaît un succès ful- gurant en Europe, propose un christianisme nouveau, à partir d’une affirmation forte : Dieu seul, l’Écriture seule, la grâce seule. Son disciple français Jean Calvin (1509‑1564), qui règne sur Genève à partir de 1541, défend une version encore plus stricte et dogmatique du protestantisme. La liturgie qu’il propose est singu- lièrement dépouillée. De plus, la doctrine de la consubstantiation, c’est-à‑dire la présence réelle du corps et du sang de Jésus-Christ dans le pain et le vin de l’eucharistie, est vivement rejetée. La prédestination est fortement affirmée. Le protestantisme trouve un écho favorable en Allemagne et en Suisse, auprès des princes particularistes réfractaires à l’autorité papale. La réaction de l’Église catholique est couramment qualifiée de « Contre-­ Réforme ». Cette appellation peut sembler toutefois imparfaite car elle donne à croire que l’Église a adopté une posture de repli. Or, si l’Église a bien tenté de freiner l’avancée protestante, elle a cependant admis certaines de ses erreurs passées. Cette prise de conscience justifie sans doute le succès indéniable de l’of- fensive catholique, emmenée notamment par la Compagnie de Jésus, l’ordre d’Ignace de Loyola (1491‑1556) dont le concile de Trente (1545‑1563) a arrêté les principes fondamentaux. Si la Contre-Réforme ne parvient pas à supprimer le protestantisme, elle en freine largement l’avancée et récupère certaines posi- tions catholiques, notamment en France.

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