Chrétiens | Kaoues, Fatiha

Chrétiens 231 la morale chrétienne, les miracles et le système de gouvernement de l’Église, dans le contexte d’un État romain en déroute. Lorsque naît Jésus-Christ, le judaïsme est un univers religieux en crise, aux prises avec des conflits politiques et sociaux de grande ampleur qui opposaient sadducéens, pharisiens et zélotes. À cet égard, Henri Marrou exprime de manière saisissante l’attrait exercé par le christianisme durant les premiers siècles de l’Empire romain : « En face d’un paganisme appauvri par l’usure du temps ou compromis par ses complaisances avec l’occultisme, c’est le christianisme qui représente le secteur actif, l’élément ascendant, le principe directeur du Zeitgeist, de l’atmosphère culturelle du siècle. » Parmi les facteurs décisifs expliquant l’essor du christianisme, il faut enfin évoquer la conversion des dirigeants politiques, entraînant celle des masses et des institutions. Le christianisme modifie en profondeur les temporalités dans l’ordonnan- cement du quotidien des individus. Le repos dominical est institué et le calen- drier annuel revu, dont les temps forts, fixés au milieu du iv e siècle, sont Noël (dont la date est avancée du 6 janvier au 25 décembre) et Pâques. Le carême qui précède Pâques légitime une modération que rendent nécessaire les périodes de pénurie. Outre les sacrements, les rites et les fêtes liturgiques, des pratiques telles que les pèlerinages et le culte des martyrs et des reliques connaissent un remarquable essor et renouvellent profondément l’exercice de la foi religieuse. Par ailleurs, l’ascétisme induit un nouveau rapport au corps axé sur la mesure et la discipline. Excluant peu à peu le théâtre, les thermes et la pratique des jeux, il instaure un nouvel agir religieux, dont la sobriété des attitudes, l’austé- rité sexuelle, la pénitence et la dramatisation de la vertu sont les aspects les plus saillants. Cet ascétisme se développe à partir de la fin du iii e siècle dans le mou- vement monastique. L’insistance sur la charité légitime de nouveaux rapports aux autres, préfigurant l’ordre social dominant au Moyen Âge. Les Églises orientales Au v e siècle, les Églises chrétiennes orientales marquent leurs spécificités, à dis- tance de Rome et surtout de Constantinople. L’Église assyrienne, appelée aussi nestorienne et syrienne orientale, soutient la pleine humanité du Christ, s’oppo- sant au troisième concile œcuménique (Éphèse, 431). Le siège du « patriarche » ou catholicos était autrefois Séleucie-Ctésiphon puis Bagdad. Le catholicos est aujourd’hui à Chicago. Les Églises que l’on appelle monophysites ou miaphysites sont arménienne, copte, syriaque ou syrienne occidentale et éthiopienne. La qualification de mono- physite ou miaphysite s’explique du fait qu’elles portent la focale sur la divinité du Christ, s’opposant de ce fait au quatrième concile œcuménique (Chalcédoine,

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