Céramique | Bonifay, Michel; François, Véronique; Gallin, Annabelle

Céramique 224 seuls documents archéologiques interprétables à l’issue d’un programme de pros- pection de surface et se font les témoins de l’évolution démographique d’une région. Ce matériel de surface, souvent très fragmentaire, permet d’établir, là où aucune autre information textuelle ou archéologique n’existe, ou de confirmer dans les autres cas, qu’un site, plus ou moins vaste, était occupé à une époque donnée, et parfois de suggérer la durée vraisemblable de cette occupation. En cas de découverte d’un atelier, ils peuvent indiquer la nature des denrées (huile, vin, salaisons de poissons) produites localement ou encore les formes de cette production (atelier de vaisselle lié à un domaine rural). La céramique, marqueur de la société Enfin, la céramique attire de plus en plus un regard ethnographique. En contexte archéologique, elle permet non seulement d’émettre des hypothèses sur la fonction des sites mais également sur le statut social des occupants. Des études désormais classiques se sont également attachées à reconstituer les habi- tudes alimentaires, comme les travaux de Michel Bats (1988) sur l’alimenta- tion dans le comptoir grec d’Olbia. D’autres travaux, plus récents, fondés sur une interrogation conjointe des céramiques – découvertes sur des sites byzan- tins – et des sources écrites, ont permis de replacer les ustensiles à usage culi- naire, les pots de conserve et les jarres de resserre en contexte d’utilisation dans un cadre de vie urbain et rural aux périodes macédonienne, comnène et paléo- logue (François, 2010). La céramique méditerranéenne, dans ses formes et surtout ses décors, est le support d’une riche iconographie et se fait le vecteur des appartenances politiques, religieuses et sociales de ses utilisateurs. On pensera à l’iconographie des vases à bouches carrées, à la variété des thèmes mythologiques illustrés sur la céramique grecque, aux riches représentations chrétiennes sur la vaisselle, les lampes et les carreaux africains de la fin de l’Antiquité, à la vaisselle apotropaïque byzantine aux décors estampés, aux écus armoriés et aux chevaliers des coupes de Chypre à l’époque franque, aux blasons des émirs sur la vaisselle glaçurée de l’Égypte mamelouke, aux bols ottomans aux vertus magiques, ou encore aux initiales du club de football de Tizi Ouzou doublement inscrites en alphabet latin et ama- zigh sur un vase de céramique modelée de Grande Kabylie… Enfin, le bassin méditerranéen, notamment ses franges occidentale, méridio- nale et orientale, reste le conservatoire de traditions artisanales qui renvoient aux origines de l’artisanat céramique et qui attirent de plus en plus archéologues et ethnologues. Les tours à bras de Galice ou du Nord du Portugal, la céramique modelée des femmes de l’Aurès, de Kroumirie ou du Troodos à Chypre, les

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