Céramique | Bonifay, Michel; François, Véronique; Gallin, Annabelle

Céramique 223 de cette circulation sont souvent difficiles à cerner. Elles sont parfois rensei- gnées par des sources écrites – des actes de nolisement, des comptes de péages, des registres de taxation, des chroniques et des récits de voyage ou encore des listes de cadeaux diplomatiques – ou par l’étude des cargaisons de navires nau- fragés. Certaines zones géographiques sont mieux renseignées que d’autres et, pour l’Empire byzantin et le monde islamique, l’apport des textes sur la question du commerce de la vaisselle est très limité. Comme l’attestent les découvertes archéologiques, les céramiques, fabriquées dans les ateliers des bassins occiden- taux et orientaux de la Méditerranée, étaient l’objet d’échanges réguliers et quan- titativement significatifs. Elles suivaient les voies commerciales empruntées par d’autres marchandises. En parallèle d’un commerce à longue distance, il existait des courants intermédiaires, secondaires et intermittents au sein desquels des poteries circulaient en quantités moyennes ou faibles – par exemple des mar- chands transportaient des céramiques, sur de petits trajets, pour alimenter leurs affaires d’escale en escale. Le commerce de la vaisselle de terre en Méditerranée au Moyen Âge, probablement secondaire, n’est pas le meilleur critère d’évaluation du poids relatif des courants commerciaux majeurs ; il offre cependant l’avan- tage de décrire l’essentiel du champ des relations établies entre les pays riverains des côtes méditerranéennes mais aussi des terres plus lointaines comme la Chine. L’étude de la diffusion des productions met en évidence des phénomènes de coexistence, de concurrence et de substitution entre des poteries d’origines géo- graphiques et culturelles différentes. Elle montre également les influences tech- niques et stylistiques que les importations ont eues sur les productions locales. Pour l’époque moderne, les données livrées par le terrain sont encore insuffi- santes pour obtenir une image précise du commerce en Méditerranée des produc- tions de vaisselle fine et des terres cuites réalisées dans les manufactures d’Europe et dans les ateliers de l’Empire ottoman. En revanche, les prix fixés par l’admi- nistration ottomane, les registres de succession, les registres du palais (dossiers des dépôts et retraits de la trésorerie, des inventaires, des comptes de cuisine, les listes des cadeaux offerts par le sultan), les inventaires domestiques, les documents statistiques de la chambre de commerce de Constantinople, les comptes rendus des Expositions universelles, les rapports consulaires, les « entrées » et les « sor- ties » des grands ports méditerranéens ainsi que les archives des manufactures européennes livrent des informations précieuses sur le commerce de la vaisselle en Méditerranée orientale. À travers ces sources écrites, il est possible d’identi- fier une partie des zones de production, d’appréhender les volumes commer­ cialisés, les prix des marchandises, les ports d’embarquement, de transit et de débarquement et les modes de diffusion, et de saisir le goût des consommateurs. Mais la céramique peut également nous renseigner plus directement sur le peuplement et la production. Les tessons récoltés sur le terrain sont souvent les

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