Céramique | Bonifay, Michel; François, Véronique; Gallin, Annabelle

Céramique 222 grande valeur, soit comme conteneur (jarres, amphores) de denrées alimentaires. La céramique se fait donc un précieux témoin du grand commerce, notamment pour les périodes où les textes sont rares. Cette nouvelle piste de recherche a sus- cité l’élaboration de méthodes innovantes. Des protocoles de quantification des objets céramiques ont été mis au point en vue de faciliter les comparaisons entre les sites. Des analyses pétrographiques (lames minces) ou géochimiques (fluorescence X) des pâtes argileuses ont permis d’assurer ou de préciser la pro- venance des différents objets. Enfin, l’identification des contenus par des ana- lyses lipidiques ou protéomiques (spectrométrie de masse), voire par des analyses adn , est un axe de recherche en pleine expansion. Dès la préhistoire, on découvre des indices de circulation de céramiques. Des récipients – dont la matière première diffère de la production locale et/ou dont le mode de fabrication procède de tradition allochtone – témoignent d’échanges de biens, de matériaux, voire d’artisans. L’échange de céramiques se fait quelquefois sur de longues distances à l’exemple des gobelets campaniformes, composante essentielle du package campaniforme souvent découvert en contexte funéraire, au cours du III e millénaire avant notre ère (Lemercier, 2004). À l’âge du fer, le commerce se développe dans les régions méditerranéennes : une céramique modelée (« non tournée ») est produite à l’échelle domestique ou villageoise et exportée vers l’intérieur des terres (D’Anna et Garcia, 2003). En outre, des céramiques étrusques ou phéniciennes commencent à apparaître dans les assemblages de Provence et du Languedoc, voire plus au nord, associées à des échanges commerciaux dès le vii e siècle avant notre ère. Dans ce domaine de la circulation des céramiques, la période romaine, qui constitue l’un des premiers exemples d’économie mondialisée, avec l’enchevêtre- ment de plusieurs systèmes obéissant à des règles différentes (annone, commerce privé, troc), offre un terrain d’étude particulièrement intéressant, où la céra- mique apporte des informations irremplaçables. Il en est ainsi du déchiffre- ment des inscriptions peintes sur amphores qui, ajouté à la lecture des timbres des potiers, permet de reconstituer dans le détail le chemin suivi par un conte- neur depuis son lieu de fabrication jusqu’à sa destination finale parfois lointaine, en passant par les entrepôts publics ou privés (qui nous font connaître le nom des négociants) et les cales de navires marchands. L’étude des cargaisons d’am- phores des épaves nous renseigne également sur les circuits parfois surprenants suivis par ces échanges (routes directes et indirectes, cargaisons de retour, cabo- tage). Les arrivages des mêmes céramiques dans des régions plus éloignées de la côte mettent en évidence les voies fluviales ou proprement terrestres emprun- tées par ces marchandises. Au Moyen Âge, les productions de vaisselle de terre étaient l’objet d’un commerce important à travers toute la Méditerranée. Cependant les modalités

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