Céramique | Bonifay, Michel; François, Véronique; Gallin, Annabelle

Céramique 221 plombifère) ; le développement de diverses techniques décoratives (peinture poly- chrome, estampage, peinture à l’engobe, sgraffito , champlevé). Ces techniques simples vont perdurer sans changement ni innovation majeure durant neuf siècles et les apports extérieurs qu’on peut identifier au sein de cette production sont très limités. Peu de création et peu d’invention dans les ateliers byzantins entre le vii e et le milieu du xv e siècle en comparaison avec l’activité potière de Syrie, d’Égypte, d’Irak et d’Iran aux mêmes périodes. Dans le monde islamique, en effet, les artisans utilisent des procédés de fabrication et de décoration très variés. Ils emploient plusieurs types de pâtes (argileuses et siliceuses artificielles), ils recouvrent leur production de glaçures transparentes, semi-opaques et opaques (plombifères, alcalines et stannifères), ils usent de l’incision fine ou large pour découper des décors sophistiqués souvent rehaussés de pigments colorés et ils maîtrisent la délicate technique de la peinture au lustre métallique. Souvent, des décors sophistiqués, sans doute réalisés par des peintres, couvrent toute la sur- face interne des coupes et des plats. La céramique commune peut être, elle aussi, très ornée (moulée, découpée, avec des décors appliqués, imprimés ou peignés). L’Empire ottoman couvre une longue période durant laquelle il a beaucoup évo- lué, dans son fonctionnement interne, son économie et ses relations avec l’exté- rieur. Les productions de céramique sont, elles aussi, marquées par des ruptures. Les premières fabrications de poteries ottomanes ne se démarquent pas toujours très nettement des fabrications antérieures quant à leurs techniques de fabrication et à leur style. Par la suite, l’usage de la glaçure plombifère se généralise même sur les céramiques communes ; de nouvelles formes, souvent de grandes dimensions, apparaissent (Hayes, 1992) ; certains récipients de terre tels que les marmites et les pots à cuire sont de plus en plus souvent remplacés par leurs homologues métalliques ; et des productions très haut de gamme voient le jour (céramique d’Iznik). À partir de la seconde moitié du xviii e siècle, les céramiques fabriquées dans l’Empire ottoman, de caractère assez rustique, entrent en concurrence avec la vaisselle bon marché importée d’Europe (Sud de la France, Italie, Angleterre, Hollande, Allemagne) : des terrailles (pour le service, la cuisson ou l’hygiène), des jarres, des faïences, des faïences fines et des porcelaines. La céramique, marqueur économique Peu à peu, surtout à partir des années 1970, archéologues et historiens de l’éco- nomie se sont rendu compte du parti qu’ils pouvaient tirer de la céramique, documentation archéologique toujours abondante et souvent bien datée (par exemple Reynolds, 2010). En effet, de tout temps la céramique a voyagé, soit en accompagnement (vaisselles de table et culinaires) de marchandises de plus

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