Cartographie | Arnaud, Jean-Luc

Cartographie 215 atlas de la Méditerranée en 16 planches dont chacune figure une région particu- lière suivant une échelle de réduction tout aussi particulière. Ce volume inaugure une nouvelle catégorie. Les atlas qui suivent à partir du milieu du xviii e siècle – J. Roux, 1764 ou encore J. de Chabert, 1766 – rivalisent en matière de détail et de précision. Les ports et rades Le xvii e siècle constitue un tournant dans les représentations de la Méditerranée. On l’a examiné, les insulaires ne correspondent plus à la demande. Pour leur part, les portulans deviennent de plus en plus riches et historiés. Simultanément, ils sortent de moins en moins des cabinets d’amateurs, tandis que le fossé entre leurs représentations graphiques et les besoins effectifs de la navigation ne cesse de se creuser. Les profils prennent de l’importance dans ce contexte et ils amé- liorent de manière sensible la documentation qui permet d’approcher les rivages. Au siècle suivant, les atlas contribuent aussi à l’amélioration des connaissances. Ce matériel est cependant insuffisant. En effet, au cours d’une traversée, les opérations les plus redoutées par les navigateurs sont les entrées et les sorties de ports. La proximité de la côte, les hauts-fonds, les récifs, les courants… consti- tuent autant de dangers qui rendent les manœuvres délicates. Dès le début du xvi e siècle, une forme littéraire particulière se développe pour aider les marins dans ces opérations. Dans un premier temps, ce sont seulement des textes. Les premiers documents graphiques qui les accompagnent apparaissent au milieu des années 1660 dans un volume publié à Gênes. Pour illustrer ses descriptions, l’auteur, F. Maria Levanto, publie plusieurs vues détaillées de ports. Ce ne sont ni des plans proprement dits, ni des vues à vol d’oiseau mais des images hybrides qui ont d’abord pour objectif d’indiquer la position des dangers et des points de repère à suivre pour les éviter. Ces représentations se révèlent très efficaces, et leur multiplication est facili- tée par leur petit format et leur faible coût. Ainsi, les figurations des ports et des rades deviennent de plus en plus abondantes. Très rapidement elles constituent un genre particulier et autonome qui donne lieu à la publication de recueils dépourvus de texte. Un des plus anciens, qui compte seulement 21 planches, est publié à Marseille en 1727. Cette forme éditoriale connaît ensuite un suc- cès important, les recueils se multiplient et chaque nouvelle parution regroupe un nombre de planches supérieur à la précédente. Cette croissance, portée par des établissements privés installés dans les grandes villes de l’arc nord médi­ terranéen – de Livourne à Barcelone –, dure plus d’un siècle. Le recueil le plus récent est publié en 1854, il ne compte pas moins de 230 planches. Regroupées

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