Cartographie | Arnaud, Jean-Luc

Cartographie 214 correspond pas à la côte proprement dite mais au relief terrestre pouvant être plus ou moins éloigné du rivage. Il apparaît tout d’abord comme une silhouette. Le marin dispose alors de repères qui lui permettent d’évaluer sa position. À cette distance, la carte n’est pas d’une grande utilité parce que les chantournements de la ligne de côte ne sont pas visibles ; ils sont confondus avec la ligne d’horizon. Pour pallier cette difficulté, on trouve sur certains portulans des vues détaillées des principaux ports. Il s’agit le plus souvent de vues à vol d’oiseau prises depuis un point d’observation imaginaire situé au-dessus de la mer. Ces vues obliques donnent une image du relief qui facilite le repérage des marins mais le passage entre ces documents et la réalité donnée à voir depuis un navire reste une opé- ration difficile. Pendant la première moitié du xvi e siècle, les hydrographes éla- borent des profils, une nouvelle catégorie de figuration des côtes, qui correspond mieux à leurs besoins. Les profils sont des dessins beaucoup plus longs que hauts qui décrivent les côtes telles qu’on peut les observer depuis la mer. Les premiers exemples sont réduits à leur plus simple expression, c’est-à-dire à deux lignes superposées : en bas, celle, parfaitement droite, qui correspond à l’horizon, en haut, celle qui délimite le ciel de la terre. Pour les zones les mieux connues, les auteurs ajoutent des lignes intermédiaires indiquant l’éloignement relatif de chaque élément du paysage. Enfin, dans certains cas, les lieux remarquables et les principaux points de repère sont désignés par leur nom ou encore par un renvoi à une légende. Les profils de côtes sont des dessins au trait pour le moins austères. À ce titre, ils n’ont pas été l’objet de l’engouement des collectionneurs et des producteurs d’ouvrages précieux, les profils n’ont pas connu de dérive de cabinet. Ainsi, au contraire des autres genresgraphiques, les profils ont été pro- duits par des marins, pour des marins, et ils ne sont pas sortis de ce cercle. Au cours du xvii e siècle, les profils sont le plus souvent insérés dans des textes descriptifs qu’ils complètent. Mais cette forme de représentation est assez opé- ratoire pour que, dès le début du siècle suivant, certains auteurs lui consacrent une part très importante de leurs volumes. Ce genre présente aussi la particula- rité d’être toujours en service. Les versions les plus récentes des guides nautiques destinées aux plaisanciers – pour les îles grecques en particulier – sont abondam- ment illustrées de profils de côtes. De plus en plus de détails Durant la première moitié du xviii e siècle, l’amélioration des connaissances per- met de dresser des documents à une échelle moyenne de telle manière que plu- sieurs feuilles sont nécessaires pour couvrir l’ensemble du bassin méditerranéen. Ainsi, entre 1718 et 1726, H. Michelot et L. Brémont publient à Marseille un

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