Cartographie | Arnaud, Jean-Luc

Cartographie 212 remarquables…Plus rarement, les auteurs dessinent aussi les zones montagneuses, les lacs et les fleuves. Pour leur part, les vides des régions maritimes peuvent être occupés par des vues de navires ou d’animaux marins plus ou moins monstrueux. Cette forme de représentation est élaborée en Méditerranée mais, dès la fin du xv e siècle, on trouve des portulans de l’ensemble du monde – y compris des Amériques. Le marteloire peut alors être complété par une autre grille tout à fait indépendante, héritée de Ptolémée, qui figure les principaux méridiens et paral- lèles. À la fin du xvi e siècle, Gerhard Mercator met au point un nouveau prin- cipe de construction des cartes dont l’objectif est de faciliter la navigation. À partir de cette date, la plus grande part des portulans suit le principe de Mercator sans pour autant abandonner les roses des vents et le réseau des lignes de rhumbs. Les portulans sont tout d’abord des manuscrits, sur parchemin ou sur papier ; à partir du début du xviii e siècle, ils peuvent aussi être imprimés. On continue cependant à produire des portulans manuscrits mais, de plus en plus enrichis et enluminés, ils perdent progressivement leur usage maritime pour devenir des objets de cabinet avant de disparaître à la fin du xviii e siècle. À ce moment-là, les progrès relatifs au calcul des longitudes font tomber les portulans en désuétude. De manière générale, les portulans sont dressés à petite échelle pour décrire dans un format facilement envisageable un vaste espace maritime. Cette échelle de réduction permet de définir la route à suivre entre deux rives mais elle est trop petite pour se repérer à l’approche des côtes. Les insulaires, les recueils de pro- fils puis, ceux consacrés aux plans de ports comblent cette lacune. Ainsi, à côté de représentations générales – équivalent des « routiers » contemporains –, on dispose d’autres formes de figuration, plus détaillées, qui correspondent soit à la navigation à vue soit aux départs ou aux arrivées des traversées au long cours. Un insulaire est une somme de descriptions d’îles, d’abord manuscrit, il asso- cie pour chacune un texte descriptif et un dessin. Ce genre est né au début du xv e siècle pour représenter la mer Égée et l’abondance de ses îles. L’insulaire est un genre littéraire érudit, il résulte de la rencontre entre la tradition huma- niste et les pratiques empiriques des marins. En ce sens, un insulaire n’est pas un instrument de navigation mais il constitue pour son possesseur un moyen de s’approprier les lieux, ou, pour le moins, d’en revendiquer une nouvelle forme de connaissance. Ce n’est pas un hasard si, au xvi e siècle, Venise est un des principaux centres de production et de diffusion des insulaires. Dans le contexte des antagonismes entre l’Orient ottoman et l’Occident chrétien, la connaissance des îles revêt des enjeux tactiques considérables. Elles consti- tuent des relais et des points de repère qui permettent à la fois de faciliter la navigation mais aussi de la contrôler. Le recueil de Cristoforo Buondelmonti, Liber insularum Archipelagi , rédigé vers 1420, constitue le premier exemple d’insulaire. Les représentations graphiques associent des planimétries – pour

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