Biodiversité | Médail, Frédéric

Biodiversité 182 présentes au début du xx e siècle. Les conséquences de ces dérèglements anthro- piques sur les espèces et leurs populations sont souvent dramatiques en l’absence de gestion intégrée. La Liste rouge des espèces menacées de l’Union internatio- nale pour la conservation de la nature ( uicn ) indique que 39 % des poissons d’eau douce, 30 % des amphibiens, 25 % des reptiles et 15 % des mammifères terrestres se trouvant dans les pays méditerranéens sont menacés d’extinction à l’échelle mondiale. En Afrique du Nord, sur près de 880 espèces d’eau douce étudiées (poissons, mollusques, crabes, odonates, plantes aquatiques), 28 % sont jugées menacées d’extinction par l’ uicn en 2010, dont une soixantaine en danger critique d’extinction (catégorie cr ), chiffre très important par rapport à d’autres synthèses régionales. En milieu marin, les impacts sont aussi très importants et anciens. À Gibraltar, par exemple, l’homme de Neandertal exploitait activement, au Paléolithique moyen, plusieurs espèces de mammifères (phoque-moine, dauphin) et de nom- breux mollusques. Des bivalves très consommés comme la grande nacre de Méditerranée ou la grande patelle ont de fait disparu de secteurs entiers de côtes. Plusieurs espèces de gastéropodes et d’éponges, sans oublier le corail rouge, ont subi des exploitations à une « échelle industrielle » dès l’époque romaine. Cas emblématique, le phoque-moine occupait encore la totalité du pourtour médi- terranéen, au début du xx e siècle ; il ne persiste qu’en de très rares populations sur quelques côtes escarpées ou petites îles de la mer Égée et du Maroc. Parmi les 519 espèces et sous-espèces de poissons de Méditerranée évaluées en 2011 par l’ uicn , 8 % (soit 43 espèces) sont menacées, dont 15 espèces en danger cri- tique d’extinction, dont la majorité des requins et raies. La surpêche, conjuguée aux pollutions et pertes d’habitats, reste la principale menace. Les questionnements actuels La compréhension de l’origine et de la dynamique de la biodiversité reste un champ d’étude complexe car de multiples facteurs spatio-temporels sont à esti- mer, alors que la magnitude de ces derniers varie selon les environnements et l’histoire biogéographique du territoire considéré. Dans le cas des régions très hétérogènes, comme la Méditerranée, cette question devient encore plus épi- neuse ! Or l’étude multifacette de la biodiversité représente un domaine seulement émergeant – l’écophylogénétique – où l’on cherche à incorporer les processus évolutifs et fonctionnels dans les recherches en biogéographie et écologie, en particulier en macroécologie. L’intégration des phylogénies moléculaires devrait permettre de mieux comprendre les « règles d’assemblage » des communautés, le fonctionnement des écosystèmes et leurs réponses face aux changements globaux,

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